Munis de pelles, de tuyaux d’arrosage ou encore de seaux d’eau, les deux mille habitants du petit village de Jarilla en Estrémadure, au sud-ouest de l’Espagne, près de la frontière avec le Portugal, ont dû recourir à leurs propres moyens pour éloigner le feu qui menaçait leur village. Un incendie sans doute provoqué par une querelle entre chasseurs et agriculteurs selon la police locale. En quelques jours, il s’est étendu sur cent kilomètres au nord du pays vers la province de Salamanque, dévorant au passage des milliers d’hectares de la Sierra de Ambroz, connue pour ses châtaigniers, chênes-lièges et oliviers.
Depuis le début du mois d’août, c’est ce même scénario d’horreur qui se répète dans des centaines de villages du nord-ouest de l’Espagne et du centre du Portugal, où de simples feux se transforment au fil des jours en des incendies voraces et incontrôlables.
Evacuations en urgence
Jamais la péninsule Ibérique n’a été ravagée avec une telle violence par les flammes.
(...) On parle déjà de record selon le Système européen d’information sur les feux de forêt : plus de 343 000 hectares, un peu plus que la superficie du canton de Vaud, partis en fumée en Espagne et 216 000 hectares au Portugal. Rien qu’entre lundi et mardi, 30 000 hectares ont brûlé en Espagne. Seul un changement de météorologie, avec des températures en baisse après dix jours d’épisode caniculaire, peut aujourd’hui stopper l’avancée des feux, qui ont fauché la vie de quatre personnes en Espagne et deux au Portugal. (...)
Outre la perte économique provoquée par les incendies, Enrique se désole et enrage de voir la Sierra de Ambroz brûler sans aucun contrôle. A l’instar des habitants de Castille, qui ont organisé une manifestation contre les pouvoirs publics dimanche dernier à Léon pour déplorer le manque de moyens ou ceux de Galice, qui ont perdu 67 000 hectares de forêts en dix jours, Enrique fulmine contre les autorités publiques.
« Nous connaissons les risques d’incendies, qui augmentent chaque année avec le changement climatique, et aucune politique sérieuse de prévention n’est prise pour empêcher ces feux et lorsque les flammes sont aux portes des maisons, les moyens sont insuffisants » (...)
Outre la perte économique provoquée par les incendies, Enrique se désole et enrage de voir la Sierra de Ambroz brûler sans aucun contrôle. A l’instar des habitants de Castille, qui ont organisé une manifestation contre les pouvoirs publics dimanche dernier à Léon pour déplorer le manque de moyens ou ceux de Galice, qui ont perdu 67 000 hectares de forêts en dix jours, Enrique fulmine contre les autorités publiques.
« Nous connaissons les risques d’incendies, qui augmentent chaque année avec le changement climatique, et aucune politique sérieuse de prévention n’est prise pour empêcher ces feux et lorsque les flammes sont aux portes des maisons, les moyens sont insuffisants » (...)
« Chaque administration se renvoie la balle alors que sur le terrain les pompiers qui gagnent tout juste un salaire minimum de 1380 euros mensuel, enchaînent les journées de 15 heures de travail depuis dix jours », fulmine Mario, pompier de Zamora.
Un pacte national
De nombreuses voix exigent aussi une politique au niveau national pour faire face à la gestion des incendies. Le chef du gouvernement Pedro Sanchez, qui s’est déplacé dans les zones dévastées par les feux, appelle à l’unité entre les différentes administrations et a annoncé la mise en place d’un grand pacte national pour lutter contre le changement climatique, incluant une politique sur les incendies. Une proposition à laquelle les gouvernements de droite des régions concernées par les incendies n’ont pas donné suite (...)
La politique de prévention anti-incendie, faille du système espagnol
Alors que l’Espagne brûle, les fonds pour la prévention des incendies n’ont jamais été aussi faibles. Selon l’Association nationale des entreprises forestières (Asemfo), le budget alloué aux travaux forestiers assurés par l’Etat et les régions autonomes, a été divisé par deux en treize ans passant de 374 millions à 176 millions d’euros. Cette baisse drastique des fonds est aujourd’hui visible dans l’entretien des forêts et monts du pays, où des hectares de végétation sont abandonnés. (...)
Les régions en charge du maintien de leur territoire accusent l’Etat d’avoir supprimé des aides pour lutter contre les incendies. (...)
Pour Victor Resco de Dios, professeur en sciences de la nature à l’Université de Lleida, les autorités publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux climatiques : « Notre pays va connaître de plus en plus de phénomènes climatiques extrêmes, cela demande une politique de prévention beaucoup plus généreuse et non pas une diminution des coûts. »
Selon ce spécialiste, c’est toute la politique de conservation du territoire qui doit changer : « Il y a des mesures faciles à mettre en place comme l’élevage extensif des troupeaux de chèvres ou moutons qui permettent de débroussailler les sous-bois et les plaines abandonnées. Le territoire rural espagnol a été délaissé par les populations et il faut donc dynamiser l’économie locale pour inciter les jeunes à travailler dans les zones rurales. »
Selon l’Asemfo, ce changement de paradigme passe aussi par une valorisation des emplois liés à la protection des forêts. (...)
– voir aussi (France24 Video 1’39)