
Décryptage En voulant réduire le nombre de lignes sur la fiche de salaire, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire cherche à valoriser le coût du travail au détriment des droits sociaux. Voici cinq raisons pour lesquelles cette simplification annoncée pose problème.
En proposant de réduire le nombre de lignes de 50 à 15, sous prétexte de lisibilité et afin d’alléger les contraintes des entreprises, le patron de Bercy renverse en réalité complètement le sens de lecture de l’antique fiche de salaire, repère essentiel pour savoir qui paye – et gagne – quoi.
1. Un tropisme « coût du travail » (...)
ce qui saute aux yeux, en gras et en majesté, ça n’est plus le gain mensuel mais la ligne « coût total employeur », comme si le salarié était avant tout un poste budgétaire… Elle intègre les cotisations et contributions patronales et, étrangement, la rémunération brute. « Histoire que le salarié se rende compte à quel point il coûte cher », note-t-on chez Force ouvrière (FO).
Le salaire net, lui, est relégué à la toute fin. Son montant étant moins important que la somme totale déboursée par l’entreprise et mentionnée plus haut, le salarié pourra, une nouvelle fois, apprécier l’effort consenti par son employeur. De quoi faire passer l’envie de demander plus ? Ou de se ranger derrière l’idée d’abaisser (encore) les cotisations – exactement ce que prône le même Bruno Le Maire dans son dernier livre ?
2. Des informations importantes effacées (...)
Au panier donc les lignes détaillant les cotisations versées à la Sécurité sociale, à la mutuelle, à la prévoyance, ce qui est payé au titre de la CSG et pour les tickets-restaurant ou encore remboursé par l’entreprise au titre des frais de transport… Au panier aussi le solde de congés payés et de RTT. Les cumuls annuels des cotisations et des rémunérations disparaissent aussi (...)
3. L’utilité des cotisations gommée (...)
tous les syndicats, mais aussi certains élus Les Républicains (LR), dénoncent la manœuvre. Les premiers, car elle contribue à dissimuler les droits sociaux et leur financement par le travail. Les seconds, car elle ne change rien aux modes de calcul. (...)
Et que dire en cas de hausse (ou de baisse) des cotisations ? Ni vu ni connu, elle passera inaperçue. (...)
4. Des vérifications impossibles
C’est le gros point noir, qui fait tiquer les syndicats : supprimer des lignes rend de fait impossible toute vérification. Or, en matière sociale, encore plus qu’ailleurs, le diable se niche dans les détails. (...)
5. Et un salaire qui reste toujours le même
Alors que les syndicats réclameront dans la rue lors du 1er-Mai de meilleurs salaires, la simplification suggérée par Bruno Le Maire ne changera rien aux fins de mois des Français. (...)
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