
L’audit commandé par l’ONU sur la neutralité de l’agence chargée des réfugiés palestiniens indique qu’Israël n’a pas fourni les preuves de ses accusations de collusion avec les groupes terroristes. Il remarque cependant qu’il existe en son sein des « problèmes de neutralité ».
Après neuf semaines d’enquête, 200 entretiens, 47 pays et organisations contactés, le « groupe d’examen indépendant » dirigé par l’ancienne ministre française des affaires étrangères, Catherine Colonna, a rendu son rapport lundi 22 avril.
La mission devait se prononcer sur la « neutralité » de l’agence. Elle a été nommée début février, en pleine tourmente pour l’UNRWA, après qu’Israël a accusé 12 de ses 13 000 employé·es dans la bande de Gaza d’avoir participé aux massacres du 7 octobre 2023 perpétrés par le Hamas, sans fournir de preuves. Ces allégations font l’objet d’une enquête menée par le bureau des enquêtes internes de l’ONU (IOS). Le groupe Colonna devait, lui, étudier les accusations de complicité avec le terrorisme, portées depuis des années par Israël et ses soutiens.
L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens – c’est le nom complet de l’UNRWA – sort quasiment blanchi des travaux menés par trois instituts de recherche européens sous la direction de Catherine Colonna. (...)
Pour Tel-Aviv, pas de changement : « L’UNRWA ne peut pas faire partie de la solution à Gaza, ni maintenant ni à l’avenir », poursuit le porte-parole. C’est l’exact contraire de ce qu’affirme le rapport, qui répète la nécessité de l’agence, née en 1949. Un appui d’importance dans le contexte actuel de désastre humain à Gaza.
« Indispensable » et « irremplaçable »
En effet, a rappelé Catherine Colonna au début de sa conférence de presse, « l’UNRWA joue un rôle indispensable et irremplaçable » auprès des 5,9 millions de réfugié·es palestinien·nes dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. « En l’absence de solution politique entre Israël et les Palestiniens, l’UNRWA reste un acteur essentiel dans la fourniture d’une aide humanitaire vitale et de services sociaux essentiels, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation », poursuit le rapport. (...)
« L’UNRWA dispose de plus de mécanismes pour assurer sa neutralité que ce que possèdent les autres agences onusiennes, a encore déclaré Catherine Colonna, justement parce qu’elle travaille dans un environnement très difficile et très complexe. » (...)
L’UNRWA doit cependant faire encore plus, recommande l’audit dirigé par Catherine Colonna : « En dépit de ce cadre solide, des problèmes liés à la neutralité persistent », assure le rapport, citant des prises de position politiques par des employé·es, des manuels scolaires problématiques fournis par des « pays hôtes » et des syndicats politisés perturbant parfois le fonctionnement de l’UNRWA, allusion à des grèves de soutien à des employé remerciés. (...)
Même si l’audit lui est favorable, l’UNRWA accuse le coup. Elle a perdu 450 millions de dollars, de nombreux donateurs ayant annulé ou suspendu leurs fonds. (...)
L’espoir, maintenant, pour l’agence, qui continue tant bien que mal à assurer une ligne de vie dans la bande de Gaza, est de voir les États qui ont suspendu leurs financements les reprendre.
« Ils disposent désormais de tous les éléments nécessaires pour apporter leur soutien à l’agence en toute confiance », veut croire la porte-parole de l’UNRWA. Sur le terrain, l’agence est toujours empêchée de livrer l’assistance dans le nord de la bande de Gaza.
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– (Contre-Attaque)
L’aide humanitaire à Gaza a été coupé sur la base d’un mensonge
(...) L’État colonial a lancé une nouvelle intox d’envergure mondiale en janvier 2024 : l’UNRWA, l’agence humanitaire de l’ONU chargée de venir en aide à la population de Gaza, serait en réalité un repère de « terroristes », et des membres de son personnel auraient « directement participé aux attaques du 7 Octobre ».
Deux jours avant la diffusion de ce mensonge, la Cour Internationale de Justice, la plus haute juridiction internationale, avait reconnu que l’accusation de génocide à l’encontre du peuple palestinien par l’État d’Israël était juridiquement fondée. L’accusation de « terrorisme » visant l’organisation humanitaire à Gaza était en fait un contrefeu grossier à cette décision historique.
Pourtant, cette affirmation israélienne, non vérifiée, a eu un effet immédiat : 10 pays occidentaux ont coupé leurs financements à l’UNRWA. Notamment les États-Unis, premier donateur avec 300 à 400 millions de dollars par an, mais aussi la France, l’Allemagne, et bien d’autres.
Tout n’était que mensonge. Un rapport qui vient de paraître explique qu’Israël n’a pas la moindre preuve d’une présence de « terroristes » au sein de l’organisation humanitaire. Le rapport explique même que l’UNRWA a régulièrement envoyé aux autorités israéliennes les listes comportant les noms de ses employés et leurs fonctions, et qu’Israël n’a jamais fait part d’éventuelles réserves depuis 2011 ! Le rapport souligne aussi que le rôle de l’UNRWA est « irremplaçable et indispensable » aux Palestiniens. (...)