
Avec des étés de plus en plus chauds, le canyoning est en plein boom. Dans un petit village ardéchois, ce surtourisme crispe habitants et politiques, entre dialogue impossible et démissions.Avec des étés de plus en plus chauds, le canyoning est en plein boom. Dans un petit village ardéchois, ce surtourisme crispe habitants et politiques, entre dialogue impossible et démissions.
(...) Le 17 août, une trentaine de personnes se sont donné rendez-vous au Moulin Lacoste pour distribuer des tracts. Sur le petit pont d’à peine 5 mètres de large, des femmes vêtues de gilet orange arrêtent les voitures, immatriculées dans le Pas-de-Calais, les Alpes-Maritimes, le Var, l’Hérault ou même les Pays-Bas et l’Angleterre. Quelques locaux refusent de s’arrêter et d’autres, au contraire, expriment leur soutien : « Il y a trop de trafic dans la vallée et parfois des bus, s’indigne un conducteur. Les touristes ne connaissent pas nos routes escarpées, c’est très dangereux. »
Penché à une fenêtre, Jérôme discute avec un autre habitant. « On n’est pas contre le canyoning et le tourisme. Mais on demande une régulation », explique-t-il calmement. (...)
« Une partie des clients du canyoning montent des campings du sud de l’Ardèche et avec les chaleurs, ils sont de plus en plus nombreux », observe Patricia Fournier. Si elle est aussi une professionnelle du tourisme, le modèle qu’elle défend se veut plus sobre : « On a un petit camping, il y en a un autre sur la commune, ainsi que quelques gîtes. C’est un tourisme rural. »
Pour s’opposer au surtourisme qu’ils constatent dans la vallée depuis une dizaine d’années, Patricia et d’autres habitants ont créé Les Amis de la vallée de la Bésorgues. Forte d’une centaine de membres, l’association a entrepris deux actions en justice, « l’une au pénal pour inaction du maire face à des délits d’urbanisme, et l’autre au civil, avec un habitant, contre les nuisances de la base de canyoning », explique Patricia. (...)
« Monsieur et madame Tout-le-Monde veulent faire du canyoning. Mais pas en se changeant au bord d’une route ni en faisant pipi derrière un arbre… On doit composer avec ces changements : tu t’adaptes ou tu meurs », dit le gérant. Ainsi, il a progressivement transformé la châtaigneraie abandonnée acquise à la fin des années 2000 en une base de loisirs. (...)
Dans le village, la tension monte
Ce projet touristique connaît une forte contestation locale. Les opposants dénoncent notamment l’illégalité d’une partie des constructions dont les permis de construire ont été refusés [1]. « Tout est démontable », rétorque le gérant, qui assure avoir été contrôlé six fois par la direction départementale des territoires (DDT). (...)
Au milieu de cet imbroglio, l’environnement est un argument que chacun tente de tirer à son avantage. Alors que l’association dénonce le piétinement de la rivière et les conséquences pour la biodiversité, les professionnels s’en défendent [2]. « On marche tous au même endroit à chaque passage. L’activité est beaucoup moins destructrice pour la faune et la flore lorsqu’elle est organisée », plaide Jean-Baptiste. (...)