
Le chef de l’État, Emmanuel Macron, est arrivé lundi matin à Mayotte pour présenter un plan de "refondation" qui vise à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat illégal, l’insécurité et à soutenir l’économie locale. Quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, les défis de la reconstruction restent colossaux dans le département le plus pauvre de France. Les migrants, eux, se disent toujours abandonnés.
Le chef de l’État, Emmanuel Macron, est arrivé lundi matin à Mayotte pour présenter un plan de "refondation" qui vise à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat illégal, l’insécurité et à soutenir l’économie locale. Quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, les défis de la reconstruction restent colossaux dans le département le plus pauvre de France. Les migrants, eux, se disent toujours abandonnés.
Durant une dizaine d’heures, Emmanuel Macron va aller à la rencontre de la population, des représentants de la filière agricole avant de s’entretenir avec les élus mahorais.
"Je veux rendre hommage à la force de résistance de tout le peuple mahorais", a déclaré à la presse le président, peu après sa descente d’avion. "On a répondu à l’urgence extrême. Maintenant, je suis là pour faire le constat de ce qui est bien fait, ce qui n’est pas assez bien fait, pour donner un coup d’accélérateur", a-t-il ajouté. Il est accompagné des ministres des Outre-mer Manuel Valls, de l’Agriculture Annie Genevard, de la Santé Yannick Neuder et de la Francophonie Thani Mohamed-Soilihi. (...)
Le président de la République arrive avec un projet de loi de programmation pour "la refondation" de l’archipel, qui vise à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat illégal, l’insécurité et à soutenir l’économie locale.
Ce texte, très attendu depuis plusieurs années par les élus mahorais, sera entériné dans la soirée par un Conseil des ministres spécial que le chef de l’État présidera en visioconférence depuis l’avion qui le mènera ensuite de Mayotte à La Réunion. (...)
Défis de la reconstruction
Lors d’une visite peu de temps après le passage de Chido en décembre, le président avait assuré vouloir "renforcer la lutte contre l’immigration clandestine" en augmentant, jusqu’à presque doubler, le nombre de reconduites à la frontière, qui était de 24 500 en 2023.
Le projet de loi prévoit de durcir les conditions d’obtention du titre de séjour dans l’archipel ainsi qu’une extension de l’aide au retour volontaire. Il entend aussi faciliter les évacuations d’habitats insalubres dans les bidonvilles et les saisies d’armes dans un département à l’insécurité rampante.
Mais quatre mois après le cyclone qui a fait 40 morts et causé 3,5 milliards d’euros de dommages, le président risque de se retrouver confronté aux mêmes frustrations qu’en décembre alors que les défis de la reconstruction restent colossaux dans le département le plus pauvre de France. Les réseaux d’eau, d’électricité et de télécommunications ont été rétablis en urgence. Mais les Mahorais attendent le début des grands chantiers.
Le Parlement a certes adopté en février une loi d’urgence qui prévoit des assouplissements aux règles d’urbanisme et des facilités fiscales pour booster la reconstruction.
Mais entre manque de financements, coordination laborieuse et pénurie de matériaux, le processus patine. Et les habitations de fortune en tôle sont réapparues aussi vite qu’elles avaient été soufflées.
"On nous rejette encore"
Après le cyclone, les milliers migrants vivant dans des bidonvilles avaient perdu leurs habitations de fortune, emportées par les vents de plus de 220 km/h. Des centaines d’entre eux avaient trouvé refuge dans des établissements scolaires ouverts pour l’occasion. (...)
Depuis deux mois, une centaine de demandeurs d’asile et réfugiés congolais, rwandais, somaliens et burundais, ont érigé une soixantaine de tentes dans la forêt, à l’écart de Tsoundzou 2, à quelques kilomètres du centre-ville de Mamoudzou. Mi-avril, "une association est venue pour installer des robinets, mais on n’a pas de toilettes, pas de médicament, pas suffisamment de nourriture", raconte un migrant au média local. "Le sous-préfet vient parfois, il nous dit qu’il va faire des entretiens et voir avec les associations, quand les hébergements seront prêts, il va nous faire quitter ici", pense-t-il. (...)
Mayotte est soumis à un régime d’exception en matière du droit des étrangers : asile accéléré (dépôt des dossiers et traitement des demandes), titre de séjour particulier pour les étrangers qui ne leur permet pas de sortir du département, des aides sociales pour les demandeurs d’asile plus limitées qu’en métropole, absence de l’Aide médicale d’État...
Le 8 avril dernier, le Parlement français a définitivement adopté un texte très contesté pour durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte. (...)