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SOS Mediterranée
Racisme et trafics d’êtres humains entre la Libye et la Tunisie 
#Libye #Tunisie #migrants #immigration
Article mis en ligne le 22 mars 2025
dernière modification le 20 mars 2025

Lorsque, en mars 2016, l’Aquarius, (le navire qu’affrétait SOS MEDITERRANEE avant l’Ocean Viking), porte secours pour la première fois à une embarcation en détresse, les équipes de sauvetage découvrent une réalité dont personne ne leur avait parlé  : les personnes secourues décrivent la Libye comme «  un enfer  » où les personnes à la peau noire sont violentées, torturées, réduites en esclavage, parfois assassinées, en toute impunité. Depuis, la Tunisie a rejoint la liste des pays où le racisme est devenu une véritable politique d’État.

Si les Nations Unies ont largement documenté la situation catastrophique en Libye pour les personnes en migration, leur condition ne semble guère s’y être améliorée. Un rapport de juin 2024 du Haut-Commissaire aux droits humains1, Volker Türk, parle d’un phénomène de grande ampleur. Des abus généralisés interviennent  » alors que «  les discours de haine et les actes de racisme à l’égard des migrants  » se multiplient en Libye, notamment les campagnes de désinformation en ligne prônant «  l’expulsion de tous les Africains subsahariens  ». C’est dans ce climat qu’un charnier a été découvert en mars dernier dans le sud-ouest de la Libye, contenant «  au moins 65 corps présumés de migrants  » puis «  un autre charnier à la frontière entre la Libye et la Tunisie  ».

Violations des droits humains en Tunisie

Le 4 octobre 2024, SOS MEDITERRANEE, aux côtés de 61 organisations de la société civile, a publié une déclaration conjointe dénonçant les graves violations des droits humains en Tunisie dont sont victimes les personnes migrantes, en particulier celles qui sont originaires d’Afrique subsaharienne. (...)

Trafics entre Tunisie et Libye, en mer et sur terre

Des témoignages recueillis par des organisations de la société civile font par ailleurs état de «  la vente de migrants  » à des groupes armés libyens3. Plusieurs personnes secourues par SOS MEDITERRANEE ont aussi rapporté que les forces de sécurité -les ont transportées de force jusqu’à la frontière et remises à des milices libyennes. Ces dernières les ont ensuite conduites dans des centres de détention où elles ont été victimes de violences et d’abus. (...)

Deux États financés par l’Europe pour refouler les personnes en détresse en mer (...)

Le soutien de l’Union européenne (UE) aux autorités libyennes et tunisiennes pour renforcer leurs capacités à effectuer des patrouilles a entraîné une augmentation massive des interceptions et des renvois. En 2023, 29 % des personnes tentant la traversée avaient été interceptées  ; en 2024, ce chiffre a bondi à 45 %, avec au moins 55 205 personnes renvoyées de force en Libye et en Tunisie4, alimentant un cycle de violences qui perdure.

Rappelons que le droit maritime stipule qu’une personne secourue en mer doit être débarquée dans un lieu sûr, où ses besoins fondamentaux sont assurés. La Libye et la Tunisie ne peuvent évidemment pas être considérés comme des pays sûrs pour les personnes qui fuient les violences et y sont ramenées de force.

En outre, nombre de ces personnes ont témoigné de pratiques dangereuses lors des interceptions en mer, notamment des manœuvres risquées, des violences physiques, le retrait des moteurs et des menaces avec des armes à feu. Ces pratiques ont été condamnées par des expert.e.s de l’ONU en octobre 20245. Pourtant, elles continuent.