
Pour Erwan Balança, photographe naturaliste, le temps long de l’affût, qui permet de se retrouver dans « l’intimité » des animaux, est « magique ». Un « vrai shoot » qui peut s’éprouver dans la nature en bas chez soi.
Après vingt-cinq ans de photographie, l’important est toujours pour moi ce que je vais vivre dans la nature, et avec les animaux.
Pour Au fil de la Loire, j’ai passé un mois en canoë avec un ami peintre, dont vingt-sept ou vingt-huit nuits de bivouac sur les îles ou sur les bancs de sable. Quand j’ai travaillé à mon livre sur le martin-pêcheur, j’étais quasiment tous les jours pendant des mois et des mois à l’affût aux martins-pêcheurs. Je connaissais vraiment leurs habitudes : j’ai même fait des photos sous l’eau, avec des caissons de plongée sous-marine, pour les voir pêcher.
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Nous ne sommes pas nombreux, parmi les photographes naturalistes, à nous attarder autant sur le motif. Mais pour moi, ce temps de l’affût, où je peux entrer dans l’intimité d’un animal, a quelque chose de magique. (...)
au bout d’un moment, les animaux sauvages que j’observe ne sont plus des animaux parmi d’autres, mais des individus.
Des individus ? C’est-à-dire ?
Chaque espèce a des caractéristiques qui lui sont propres : un martin-pêcheur va attraper des poissons entre 1 et 4 centimètres, il va élire un perchoir, etc. Au-delà de ça, les animaux sauvages ont aussi une réelle personnalité : certains vont être plus confiants, d’autres plus agressifs, certains plus joueurs, ils ne vont pas tous pêcher de la même façon, etc. Pour s’en rendre compte, il faut s’approcher vraiment très près d’eux. (...)
Quand je dis très près, c’est quelques mètres : pour faire un gros plan d’un martin-pêcheur, par exemple, il faut être à environ quatre cinq mètres, même avec un gros téléobjectif. Il faut aussi que l’animal vive sa vie, sans être stressé par votre présence.
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