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Russie : après la condamnation d’un journaliste américain pour espionnage, les correspondants de presse très inquiets
#journalistes #Russie
Article mis en ligne le 30 juillet 2024
dernière modification le 28 juillet 2024

Le journaliste américain Evan Gershkovich a été condamné à seize ans de prison pour espionnage. De quoi raviver les inquiétudes de la presse étrangère installée en Russie, alors que les conditions de travail ont été nettement durcies depuis le début de la guerre en Ukraine.

Cet ancien correspondant du Wall Street Journal et journaliste pour l’Agence France-Presse à Moscou avait été arrêté en mars 2023 pendant un reportage. Le verdict est tombé le 19 juillet. Les accusations contre lui, jamais été étayées par les autorités russes, ont été démenties par la Maison Blanche et ses proches.

Cette condamnation, qualifiée de « prise d’otage inacceptable de la part de la Russie » par l’organisation Reporters sans frontières, vient raviver les angoisses des correspondants étrangers de presse restés dans le pays. « L’arrestation d’Evan Gershkovich, c’est quelque chose qui ne s’était pas vu depuis la guerre froide, observe Jeanne Cavelier, responsable de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale chez RSF. Le fait qu’il soit américain est assez symbolique : les journalistes deviennent à la fois des otages de l’État et des outils d’intimidation pour dissuader les autres journalistes et correspondants de faire leur boulot. »

Nouvelles normes

Depuis le début de l’offensive Russe en Ukraine, leurs conditions de travail ont été drastiquement durcies. Avec la guerre, les journalistes se sont vus imposer de nouvelles normes administratives : la nécessité de s’enregistrer auprès des autorités à chaque déplacement dans le pays, ou l’obligation de faire renouveler leur visa, autrefois valable pour un an, tous les trois mois. « C’est une manière de leur faire comprendre qu’ils peuvent être renvoyés du pays à tout moment, ou être ciblés par le pouvoir russe en représailles d’actions menées par la France », poursuit Jeanne Cavelier.

« On ressent beaucoup de pressions », témoigne l’un d’entre eux. (...)

Lors d’un entretien avec une organisatrice de concert à Moscou, un correspondant pour la radio se souvient avoir dû décrypter sa parole en plus d’avoir modifié numériquement le son de sa voix (...)

« Le risque pour les Russes qui voudraient parler dans les médias est bien réel, renchérit la chercheuse spécialiste des espaces post-soviétiques Anna Colin Lebedev. Depuis le début de la guerre, plusieurs personnes ont déjà été poursuivies pour diffusion de fake news après avoir répondu à des journalistes dans des microtrottoirs occidentaux. » (...)

Aujourd’hui, nous sommes considérés comme des représentants de notre pays par les autorités. Nous faisons partie de cet “occident collectif” que Vladimir Poutine dénonce à longueur de discours.

(...)