
Un mois après le début de la mobilisation, le pouvoir russe déclare avoir enrôlé plus de 250 000 hommes sur un objectif de 300 000. Réussite, alors ? Pas si certain, et tout dépend bien évidemment de ce qu’on appelle une réussite. 2/20
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 24, 2022
Contrairement aux déclarations du pouvoir (on mobilisera seulement ceux qui ont une expérience militaire), la mobilisation s’est faite en filet de pêche : on attrape tout le monde, et ensuite on trie. On ne connaît pas la cohorte de base, ni le taux de défection. 4/20
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 24, 2022
Difficile de savoir combien de mobilisables se planquent avant d’être convoqués, ou une fois qu’ils sont convoqués. 10%, 20%, ou plus probablement 40%, 60% ? Difficile de connaître l’attitude à l’égard de la guerre et de l’armée de ceux qui refusent la mobilisation. 6/20
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 24, 2022
Le pouvoir ne s’émeut pas de l’état et des compétences des troupes de mobilisés. Et c’est en soi un enseignement : les mobilisés ne seront pas utiles en tant que combattants, mais en tant que masse humaine sur le front (et je n'irai pas + loin, n'étant pas experte militaire). 8/20
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 24, 2022
Les vagues de mobilisation obéiront à la nécessité d’employer des « masses de combattants », mais aussi à des contraintes logistiques : l’armée n’a pas formé les mobilisés, ce qui a fluidifié leur transfert vers l’Ukraine, mais ses capacités de transfert sont limitées. 10/20
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 24, 2022
En tout cas, tant que la guerre est dans sa configuration actuelle, la logique de la mobilisation risque d’être celle des vases communicants : ça se vide d’un côté, on remplit de l’autre. Peut-on prévoir la réaction des Russes au retour massif des cercueils ? 12/20
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 24, 2022
Ils parleront parce qu’ils ont la compétence et la capacité de le faire (hommes adultes, souvent urbains et éduqués), et parce que le choc est massif entre leur vie civile, leurs attentes face aux autorités militaire, et l’horreur à laquelle ils feront face. 14/20
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 24, 2022
La mobilisation a aussi un effet déstructurant sur l’économie : dans certains métiers, on a mobilisé très massivement et créé des pénuries de main d’œuvre. Cependant, selon certains économistes, le déclin de l’économie va permettre de compenser. 16/20
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 24, 2022
L’un de mes points d’attention est l’érosion du rapport au pouvoir qui en résulte, à différents niveaux. Mais si on peut faire encore un certain nombre d’observations, les prévisions sont un jeu de plus en plus difficile, surtout sans accès au terrain. 18/20
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 24, 2022
Toutes mes excuses pour ces fils qui se font plus rares. La charge de travail du milieu de semestre est importante à l’université, et ne me laisse pas beaucoup de temps pour la veille et l'analyse, et encore moins pour l’écriture. 20/20, end 🧶
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 24, 2022
Tout d'abord, il faut se rappeler que la guerre reste un évènement en fait très rare au sein du système international. L'immense majorité des *conflits* ne dégénère pas en *guerre*, tt simplement car la guerre est extrêmement destructrice, et imprévisible. Dans la plupart 2/
— Olivier Schmitt (@Olivier1Schmitt) October 23, 2022
La littérature scientifique a identifié 5 grands mécanismes qui se combinent suivant les situations pour expliquer le déclenchement d'une guerre : les intérêts non-contrôlés, les incitations intangibles, l'incertitude, les doutes sur l'engagement et les mauvaises perceptions. 4/
— Olivier Schmitt (@Olivier1Schmitt) October 23, 2022
B : les incitations intangibles. Ce sont tous les facteurs qui réduisent la possibilité et le désir de compromis : le sentiment d'injustice (et le désir de vengeance qu'il génère), l'idéologie, la recherche de la gloire et du statut, etc. 6/
— Olivier Schmitt (@Olivier1Schmitt) October 23, 2022
quand les États ont des estimations différentes de leur puissance relative (pour plein de raisons : difficultés de renseignement, bluff, etc.). La guerre sert ainsi de révélateur d'informations : elle révèle les capacités réelles, ainsi que l'intensité des préférences. 8/
— Olivier Schmitt (@Olivier1Schmitt) October 23, 2022
D : Les doutes sur l'engagement. C'est l'idée qu'un accord échoue car l'une des parties n'a pas confiance dans le fait que l'autre partie respectera sa parole dans le futur. Un bon exemple est l'idée de guerre préventive : acteur A qui est plus fort *maintenant* mais en déclin 10/
— Olivier Schmitt (@Olivier1Schmitt) October 23, 2022
risque futur.
E : les mauvaises perceptions. Ce sont les biais classique de jugement : biais de disponibilité (on évalue des probabilités en fonction de leur présence dans notre esprit), biais de confirmation (confirmation des croyances existantes), 12/— Olivier Schmitt (@Olivier1Schmitt) October 23, 2022
Voyons maintenant leur applicabilité à la situation ukrainienne.
A/ le régime de Vladimir Poutine est personnaliste, sans réel contre-pouvoir, et fait tout pour protéger son élite des conséquences négatives de la guerre. Pas d'évolution prévisible sur le sujet. 14/— Olivier Schmitt (@Olivier1Schmitt) October 23, 2022
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