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Orient XXI
Soutien à la Palestine. Les universités bâillonnées + L’islamologue François Burgat, poursuivi pour apologie du terrorisme, relaxé le 28 mai
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #censure
Article mis en ligne le 30 mai 2025
dernière modification le 29 mai 2025

Dénoncer un massacre en cours en Palestine, proposer des espaces académiques d’analyse et de discussion critique de la politique menée par l’État israélien a valu à nombre d’enseignants et de chercheurs français des sanctions disciplinaires ou des poursuites judiciaires pour « apologie du terrorisme ». Florilège.

« Tu sais, de nos jours, si l’on n’est pas inculpé pour apologie du terrorisme, c’est que, quelque part, on a raté sa vie. » C’est avec un certain détachement que François Burgat rapporte la boutade de l’un de ses amis. Le politiste, ancien directeur de recherche au CNRS, aujourd’hui retraité, comparaissait le 24 avril devant le tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence pour « apologie du terrorisme », sur une plainte de l’Organisation juive européenne (OJE). Cette association, partisane de la politique de Benjamin Nétanyahou, est adepte de l’intimidation judiciaire : depuis le 7 octobre 2023, elle est à l’origine de centaines de plaintes contre des citoyens français. (...)

Le procureur a requis huit mois de prison avec sursis, une amende de 4 000 euros, un bannissement de six mois des réseaux sociaux et une inéligibilité de deux ans. Il est rare que de telles poursuites s’exercent à l’encontre d’un universitaire. « On poursuit un spécialiste du terrorisme pour apologie du terrorisme, la boucle est bouclée », résume son avocat, Rafik Chekkat, qui met en garde contre la portée symbolique d’une potentielle condamnation de François Burgat, qui ouvrirait la porte à la criminalisation de la liberté académique. (...)

Le dévoiement de la loi antiterroriste

Les poursuites pour « apologie du terrorisme » se sont multipliées depuis le 7 octobre 2023, comme exposé dans Orient XXI le 9 mai 2024. La loi Cazeneuve du 13 novembre 2014, qui a extrait l’infraction d’apologie du terrorisme de la loi sur la liberté de la presse de 1881, pour l’inscrire dans le Code pénal, en a durci le régime. Alors qu’elle était initialement conçue pour lutter contre les filières de recrutement du terrorisme, son utilisation aujourd’hui pour réprimer l’expression d’opinions est jugée abusive par ceux-là mêmes qui la défendaient hier. C’est le cas notamment de l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic qui dénonce, dans les colonnes de L’Humanité, le 8 octobre 2024, « un véritable abus » et un « usage totalement dévoyé de la loi » et appelle à « oser faire marche arrière ». (...)

Quand, dans l’écrasante majorité des cas, le motif d’« apologie du terrorisme » n’est pas invocable, le système répressif dispose de larges relais pour restreindre la liberté de parole sur la Palestine dans le milieu universitaire, en prétextant notamment la lutte contre l’antisémitisme. Les exemples sont légion. Les manifestations de soutien public au peuple palestinien sont ciblées, traquées et stigmatisées comme relevant de l’antisémitisme, et leurs auteurs, vilipendés en haut lieu. Ces campagnes aboutissent à un résultat, sans doute escompté : l’autocensure, notamment parmi les enseignants. Étudier et débattre d’idées non consensuelles, voire perçues comme choquantes par certains, n’est-ce pas la vocation du cadre universitaire, qui dispose du savoir comme garde-fou ? Cela ne semble pas être l’avis du gouvernement français actuel, ainsi que le dévoile le blog Yaani, qui recense des mois d’offensive contre les libertés académiques touchant à la question palestinienne et au génocide en cours à Gaza. (...)

Yaani recense une douzaine de conférences annulées ou interdites par les responsables d’établissements universitaires. Parmi les intervenants ayant essuyé cette censure, on trouve le fondateur d’Orient XXI, Alain Gresh, le directeur de l’IRIS, Pascal Boniface, l’eurodéputée Rima Hassan, Jean-Luc Mélenchon ou l’auteur et militant de l’Union juive française pour la paix (UJFP) Pierre Stambul. Dès le 9 octobre 2023, Sylvie Retailleau, alors ministre de l’enseignement supérieur, adressait un courrier aux présidents d’établissement, les appelant à sanctionner les « actions et propos » relevant de « l’apologie du terrorisme, l’incitation à la haine ou à la violence », les encourageant à y apporter des « sanctions disciplinaires et suites judiciaires appropriées », y compris en les signalant au procureur de la République. Le gouvernement a généreusement élargi la notion d’« incitation à la haine » à toute critique de l’action génocidaire d’Israël à Gaza.

Tornade politico-médiatique (...)

Lire aussi :

 (L’Orient le Jour)
Relaxe de l’islamologue français François Burgat, poursuivi pour apologie du terrorisme

François Burgat, spécialiste de l’islam et ancien directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a été relaxé mercredi par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, dans le sud-est de la France, où il était poursuivi pour apologie du terrorisme pour des messages postés sur le réseau social X.

Lors du procès, en avril, huit mois de prison avec sursis, une amende de 4.000 euros, un bannissement judiciaire des réseaux sociaux pendant six mois et deux ans d’inéligibilité avaient été requis contre lui. (...)

 Orient XXI (4 mai)
Déclaration de soutien au chercheur François Burgat