
Invitée de la matinale de Guillaume Erner, l’historienne Perrine Simon-Nahum a invoqué le philosophe Raymond Aron pour justifier les agressions israéliennes en Iran et les massacres en Palestine, quitte à lui faire dire l’exact contraire de sa pensée...
Sur France Culture, ce matin du 18 juin 2025, deux éminents professeurs à l’École normale supérieure (ENS), l’historienne Perrine Simon-Nahum et le philosophe Marc Crépon, discutent de la guerre et de l’un de ses penseurs importants : Raymond Aron (1905-1983), philosophe-journaliste de droite, dont les prises de position ne répondaient pas toujours à cette définition. En particulier quand il s’agissait d’Israël et de ses conflits. Ce que Simon-Nahum ne peut ignorer puisqu’elle prépare une nouvelle édition des Mémoires d’Aron. Parée de cette autorité, la professeure fait parler Raymond Aron sur les événements actuels. Selon elle, la guerre d’Israël contre l’Iran répond aux principes édictés par Aron dès les années 1960, selon lesquels — je cite Simon-Nahum, pas Aron — « les démocraties — et Israël est une démocratie — doivent parfois se lancer, pour éviter la guerre totale, dans des guerres limitées ». Mais attention, poursuit-elle, les démocraties mènent des guerres « conformes à leurs valeurs, c’est-à-dire des guerres technologiques » là où des États autoritaires comme la Russie mènent « des guerres totales ».
Il faut que le meneur de jeu, Guillaume Erner, pourtant peu suspect d’anti-israélisme, lui rappelle que les actions d’Israël à Gaza dépassent un peu la guerre limitée et technologique. Ce n’est pas le problème, répond en substance Simon-Nahum. Comme Israël est un pays démocratique, il faut attendre la fin de la guerre, ses dirigeants seront jugés. Pas pour génocide, s’entend. « On ne peut pas employer le terme, parce que, le génocide, c’est le mal absolu. » Libre à chacun et à chacune d’estimer que détruire totalement le cadre de vie d’une population, l’affamer et lui tirer dessus au canon de char quand elle essaie de grappiller un sac de farine n’entre pas dans la catégorie du « mal absolu ». Mais une professeure à l’ENS, directrice de recherche au CNRS, peut-elle ignorer que le terme de « génocide » renvoie à une définition précise établie par l’ONU en 1948 ? Non, bien sûr. Mais elle insiste (...)
On conseille à Simon-Nahum de bien relire Aron avant de l’éditer. En particulier ces quelques paragraphes de ces Mémoires (Julliard, 1983) où Aron raconte comment il s’emporte, au cours d’un séminaire, contre un participant qui clame : « La raison du plus fort est toujours la meilleure. » Le digne professeur explose : « Contre mon habitude, je fis de la morale avec passion, avec colère. Cette formule…, un Juif devrait avoir honte de la prendre à son compte. »