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France24/AFP
Ukraine : Zelensky à Munich pour parer au rapprochement entre Trump et Poutine
#guerreenUkraine
Article mis en ligne le 14 février 2025

Le président ukrainien se rendra vendredi à la Conférence de Munich sur la sécurité, en Allemagne, pour tenter de parer au rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Volodymyr Zelensky avait mis jeudi en garde les Occidentaux sur les intentions réelles du maître du Kremlin et appelé à "arrêter" la Russie.

Sous pression maximale, le président ukrainien est attendu à la Conférence de Munich sur la sécurité, rendez-vous annuel d’une élite diplomatique sonnée par la volonté de Washington de forcer des négociations avec la Russie de Vladimir Poutine.

En marge de la conférence, Volodymyr Zelensky doit rencontrer vendredi 14 février le vice-président américain J.D. Vance, selon des déclarations de Kiev faites avant l’annonce que Donald Trump et Vladimir Poutine avaient eu un premier entretien téléphonique.

Le président ukrainien avait mis en garde la veille les Occidentaux sur les intentions réelles de Vladimir Poutine et réclamé avant toute chose d’"arrêter" la Russie, malgré les assurances de Donald Trump que le président russe "veut la paix".

Les Européens, sous le choc après l’annonce d’un premier entretien téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine sur la question, ont de leur côté multiplié les réactions, refusant de voir s’ouvrir des négociations sur l’Ukraine dans leur dos.

Lors de cet échange, le président américain a convenu de lancer des négociations "immédiates" sur l’Ukraine, et promis une rencontre en personne avec son homologue russe.

Vladimir Poutine "veut la paix", a affirmé le président américain à la presse jeudi.

Il a également annoncé la tenue d’une réunion à Munich (Allemagne) vendredi entre "de hauts responsables de Russie, d’Ukraine et des États-Unis". La Maison Blanche, contactée par l’AFP, n’a pas donné plus de précisions.

Kiev a rétorqué ne pas vouloir y participer. "Une position commune convenue (avec les alliés de Kiev) doit être sur la table pour une conversation avec les Russes. (...)

Éviter une paix qui serait une "capitulation"

Mais pour Volodymyr Zelensky, les réunions entre l’Ukraine et les États-Unis constituent "la priorité". "Et ce n’est qu’après ces réunions, après l’élaboration d’un plan pour arrêter Poutine, que je pense qu’il sera juste de parler aux Russes", a-t-il ajouté.

"Une paix qui serait une capitulation" serait "une mauvaise nouvelle pour tout le monde", a averti le président français Emmanuel Macron dans une interview au Financial Times parue vendredi. (...)

La paix doit être plus qu’un "simple cessez-le-feu", a mis en garde jeudi Antonio Costa, le président du Conseil européen.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a mis en garde contre des négociations menant à une victoire russe et à un "effondrement" de l’Ukraine, qui "n’apporteraient pas la paix, au contraire".

"C’est la paix et la stabilité en Europe, et bien au-delà de l’Ukraine, qui seraient mises en danger", a-t-il ajouté.

Parmi différentes lignes rouges tracées par l’administration Trump, les États-Unis ont martelé qu’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan n’était pas réaliste, tout comme un retour de ce pays à ses frontières d’avant 2014, c’est-à-dire avec la Crimée, annexée cette année-là par Moscou.

Autant d’annonces qui ont provoqué la satisfaction des dirigeants russes. (...)

Le président américain a créé la stupeur lorsqu’il a annoncé qu’il rencontrerait Vladimir Poutine en Arabie Saoudite, peu après un échange téléphonique entre les deux hommes qui sont convenus d’engager "immédiatement" des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine. (...)

Le président américain a créé la stupeur lorsqu’il a annoncé qu’il rencontrerait Vladimir Poutine en Arabie Saoudite, peu après un échange téléphonique entre les deux hommes qui sont convenus d’engager "immédiatement" des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine. (...)

Face à un Donald Trump qui bouscule le multilatéralisme et l’ordre international, les débats devraient être intenses entre les dizaines de chefs de gouvernement, de diplomates et hauts-gradés réunis à Munich.

La métropole du sud de l’Allemagne est sur les dents après une attaque à la voiture-bélier commise jeudi matin en plein centre-ville pour laquelle un ressortissant afghan a été arrêté. Trente personnes ont été blessées, dont certaines grièvement.

Lire aussi :

 (Mediapart)
Donald Trump prépare une « paix » sur le dos de l’Ukraine

En l’espace de quelques heures, Donald Trump a dissipé les derniers doutes sur sa position vis-à-vis de la guerre en Ukraine : il compte y mettre fin en accédant aux demandes de Moscou. Il donne raison, ce faisant, à l’agression lancée voilà trois ans par la Russie contre sa voisine.

Lancez l’assaut sur un État souverain. Essayez de prendre sa capitale. Laissez vos soldats y tuer des milliers de civil·es, commettre des violences sexuelles et pratiquer la torture. Déportez les enfants qui s’y trouvent. Détruisez méthodiquement ses centrales électriques pour que les gens aient froid. Volez ses céréales. Menacez quiconque veut vous en empêcher de l’attaquer avec une arme nucléaire.

Le président des États-Unis vous appellera pendant quatre-vingt-dix minutes pour vous dire toute son admiration. (...)

La volte-face est spectaculaire : jusqu’à présent, la présidence et la diplomatie états-uniennes répétaient que la « soif de terre et de pouvoir du président Poutine échouera[it] » et que « personne » ne pouvait « détourner les yeux des atrocités commises » par l’armée russe en Ukraine. Aucune décision concernant l’Ukraine ne devait être prise sans les Ukrainien·nes – « rien sur l’Ukraine sans l’Ukraine », martelait également le président démocrate Joe Biden.

Donald Trump en a décidé autrement. Lui et Vladimir Poutine ont annoncé « débuter immédiatement les négociations » concernant la fin de la guerre en Ukraine. Le premier concerné, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a dû se contenter d’être tenu « informé » des échanges entre Moscou et Washington à propos du sort de son pays. Le reste de l’Europe n’est même pas mentionné.

Cet échange complaisant et autosatisfait est le point d’orgue d’une série de décisions et déclarations particulièrement dramatiques pour Kyiv.

Quelques heures plus tôt, le secrétaire états-unien à la défense, Pete Hegseth, avait infligé un triple camouflet aux autorités ukrainiennes en rejetant l’idée que l’Ukraine puisse retrouver ses frontières internationalement reconnues (un « objectif illusoire »), en rejetant l’hypothèse d’une adhésion de Kyiv à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (une revendication « irréaliste ») et en jurant que les troupes états-uniennes ne participeraient à aucune mission de maintien de la paix en Ukraine.

L’alignement sur les positions de Moscou

Ces positions ne sont pas exactement une surprise. Donald Trump entretient des liens profonds et solides avec l’appareil d’État russe, et n’a jamais caché son mépris pour Volodymyr Zelensky. Mais depuis son élection, une partie de l’exécutif ukrainien misait sur le caractère réputé imprévisible et impulsif du milliardaire, nourrissant l’espoir qu’il passerait de l’admiration à l’agacement vis-à-vis de Vladimir Poutine.

L’espoir aura fait long feu : non seulement l’administration Trump s’aligne avec à peu près toutes les exigences de Moscou (qui ne veut ni céder les territoires occupés par son armée, ni d’une adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique) mais, chose remarquable, elle le fait alors même que les négociations n’ont pas commencé. Vladimir Poutine – si tant est qu’il soit réellement disposé à négocier, ce qui est loin d’être acquis – n’en demandait sans doute pas tant.

Au cas où cette série de déclarations et de décisions ne mettrait pas Kyiv dans une position suffisamment fragile, le chef d’État américain a pris soin d’engager cette grande manœuvre diplomatique trois semaines après avoir gelé les fonds de l’agence d’aide au développement américaine, l’Usaid. Une décision aux conséquences incalculables pour l’Ukraine, qui en était la principale bénéficiaire. L’administration Trump aurait pu démanteler l’agence en accordant à Kyiv des dérogations, comme elle l’a fait pour Israël et pour l’Égypte. Elle a choisi de ne pas le faire.

La force contre le droit (...)

Chose impensable il y a encore six mois, l’Ukraine va donc devoir se battre pour avoir le droit de s’asseoir à la table des négociations où son sort sera scellé. (...)

Si l’État ukrainien parvient malgré tout à obtenir une place dans les négociations, il pourra tâcher de sauver quelques miettes : céder de fait les territoires contrôlés par la Russie mais sans devoir le reconnaître en droit ; s’engager à ne pas adhérer à l’Otan à court ou moyen terme et non de manière permanente ; et surtout, refuser toute clause qui réduirait la taille ou les capacités de son armée – objectif ultime de l’exécutif russe.

Quant aux États européens, ils espéraient encore il y a quelques semaines être présents à cette même table des négociations afin d’y jouer un rôle d’aiguillon, pour s’assurer notamment que Donald Trump et Vladimir Poutine ne mettraient pas sous le tapis des sujets aussi essentiels que la justice internationale ou les réparations pour les crimes commis. Le plan paraît plus que jamais ambitieux. (...)