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RFI/AFP
Un Donald Trump provocateur qui réitère ses visées d’expansion des États-Unis
#USA #Trump
Article mis en ligne le 10 janvier 2025
dernière modification le 8 janvier 2025

Donald Trump a donné mardi 7 janvier une conférence de presse décousue et provocatrice, lors de laquelle il a répété ses ambitions d’annexer le canal de Panama et le Groenland, par la force si besoin, au lendemain de la certification de sa victoire à la présidentielle par le Congrès américain.

Alors que la conférence de presse depuis sa résidence Mar-a-Lago en Floride était censée concerner un investissement émirati de 20 milliards de dollars pour construire de nouveaux centres de données aux États-Unis, le futur président américain a rapidement évacué cette question pour aborder un vaste éventail de sujets nationaux et internationaux pendant plus d’une heure.

Comme à son habitude, il était cependant difficile dans l’immédiat de faire la part entre annonces réelles et opinions exagérées dans les déclarations fracassantes du républicain.

Interrogé sur la question de savoir s’il pouvait garantir qu’il n’aurait pas recours aux forces armées pour annexer le canal de Panama, artère vitale du transport maritime mondial, et le Groenland, territoire autonome du Danemark, Donald Trump a répondu : « Je ne peux pas vous l’assurer, sur aucun des deux. »

Le président élu a déjà affirmé à plusieurs reprises vouloir reprendre le canal de Panama, construit par les États-Unis et inauguré en 1914, si le prix des péages pour les navires américains n’était pas réduit.
« Nous ne sommes plus stupides »

Il a encore fustigé mardi l’accord passé en 1977 par le président d’alors Jimmy Carter, qui a abouti à un transfert du contrôle du canal au Panama en 1999. (...)

Juste avant Noël, le président élu avait également jugé que le contrôle du Groenland était « une nécessité absolue » pour « la sécurité nationale et la liberté à travers le monde ». Mardi, il a exhorté le Danemark à « renoncer » à ce territoire autonome. « Je parle de protéger le monde libre », a-t-il déclaré, évoquant la menace des navires russes et chinois « un peu partout ». (...)

Le fils du futur président américain, Donald Trump Jr, est arrivé mardi au Groenland pour une visite privée en tant que « touriste », affirmant ne pas avoir prévu de rencontres officielles.

Donald Trump a en outre menacé de faire usage de la « force économique » contre le Canada, cet allié du nord « subventionné » par les États-Unis pour sa protection, selon lui. Peu après l’annonce de la démission lundi 7 janvier du Premier ministre canadien Justin Trudeau, Donald Trump avait estimé que le Canada devrait « fusionner » avec les États-Unis.

La remarque qui agace chez le voisin du nord. « Les commentaires du président élu Trump démontrent une incompréhension totale de ce qui fait du Canada un pays fort. Nous ne reculerons jamais face aux menaces », a déclaré sur X Mélanie Joly, la ministre des Affaires étrangères. Peu après, le Premier ministre démissionnaire Justin Trudeau a ajouté : « Jamais, au grand jamais, le Canada ne fera partie des États-Unis. »

« Situation difficile »

Le milliardaire républicain a aussi relancé ses accusations envers l’Otan. (...)
répétant à l’envi que ses membres ne payent pas suffisamment en échange de la protection des États-Unis.

Pour Donald Trump, les États membres doivent accroître leur budget de défense à 5% de leur PIB, contre les 2% actuellement requis. « Ils peuvent tous se le permettre », a-t-il ajouté. (...)

Autre annonce-choc, mais aux conséquences sûrement plus anodines : Donald Trump a affirmé qu’à son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, les États-Unis changeraient le nom du golfe du Mexique en « golfe de l’Amérique. »

« Le golfe de l’Amérique, quel joli nom », s’est-il exclamé, avant de fustiger le Mexique, qui « doit cesser de laisser des millions de gens se déverser dans notre pays » – en référence à la traversée de la frontière sud par des milliers de migrants clandestins.

Lire aussi :

 (Mediapart)
Justin Trudeau, première victime de Donald Trump

Déjà impopulaire, le premier ministre canadien a été poussé à la démission. La hausse possible de 25 % des tarifs douaniers sur les exportations canadiennes vers les États-Unis, annoncée fin novembre par Donald Trump, lui a été fatale.

Avant même d’avoir commencé son mandat présidentiel, Donald Trump a déjà remporté une première victoire : il est parvenu en quelques semaines à faire tomber Justin Trudeau. Le premier ministre canadien a annoncé le 6 janvier sa démission, après avoir conduit le gouvernement canadien pendant neuf ans. Il conservera ses fonctions jusqu’à ce que le Parti libéral ait désigné son successeur avant de conduire des élections anticipées.

Même si le premier ministre canadien était de plus en plus impopulaire, y compris dans son camp, en raison de sa politique, du retour de l’inflation et de la hausse du coût de la vie, il pouvait espérer se maintenir jusqu’aux prochaines élections prévues à l’origine en octobre. Donald Trump a rebattu toutes les cartes en quelques jours : l’annonce le 25 novembre d’une hausse de 25 % des tarifs douaniers sur tous les produits importés du Canada – et aussi du Mexique –, dès qu’il entrerait à la Maison-Blanche, a été fatale au premier ministre canadien.

Minimisant les risques d’une guerre commerciale avec les États-Unis, Justin Trudeau a voulu poursuivre sa politique comme avant, provoquant la démission de sa ministre des finances Chrystia Freeland, l’effondrement de ses soutiens au sein du Parti libéral et sa démission.

Sous la menace d’une guerre commerciale

Justin Trudeau n’avait pas ménagé ses efforts, pourtant, pour renouer au plus vite avec Donald Trump. Dès le lendemain de l’annonce de possibles sanctions douanières contre le Canada, il s’était précipité à Mar-a-Lago, la résidence du président américain en Floride, pour prêter allégeance et tenter d’engager des négociations. Comme il l’avait déjà fait en 2018. (...)

L’Alberta, la Colombie-Britannique ou encore le Grand Nord sont devenus le paradis des géants miniers et pétroliers. Dans la plus grande discrétion, le Canada est ainsi devenu le quatrième pays producteur de pétrole derrière l’Arabie saoudite, les États-Unis et la Russie, avec plus de 6 millions de barils par jour.

Les États-Unis ont vite profité de ces ressources produites à leur porte. Ils dépendent de plus en plus des importations de pétrole, de gaz, d’électricité, de charbon, de minerai de fer, d’uranium et autres en provenance du Canada. Au point que le déficit commercial des États-Unis par rapport à son voisin ne cesse de se creuser, pour dépasser les 50 milliards de dollars sur les dix premiers mois de 2024. Un chiffre qui a l’effet d’un chiffon rouge aux yeux de Donald Trump.

Décidé à prendre le contrôle sur toutes les matières premières stratégiques, à commencer par le gaz et le pétrole, déterminé à réindustrialiser le pays, Donald Trump estime donc que le plus simple pour réaliser ses objectifs est d’annexer le Canada, et de faire main basse sur les richesses et les énergies canadiennes dont les États-Unis vont avoir de plus en plus besoin. (...)

Fort de son premier succès dans le jeu politique intérieur canadien, Donald Trump semble décidé à pousser son avantage : « Le Canada doit devenir le 51e État des États-Unis », a-t-il répété après l’annonce de la démission de Justin Trudeau.