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Un mois de mobilisations internationales pour la Palestine
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #solidarites #mobilisationsInternationales
Article mis en ligne le 10 juillet 2025
dernière modification le 7 juillet 2025

Alors que les puissances occidentales s’acharnent dans leur collaboration avec Israël, à travers le monde, la société civile s’est organisée en ce mois de juin pour tenter de briser le blocus sur Gaza et endiguer les livraisons d’armes à l’État sionist

Le 4 juin dernier un cargo israélien à destination d’Haïfa arrive au port de Fos-sur-Mer. Il fait escale pour embarquer à son bord 19 palettes de pièces détachées de fusils mitrailleurs, des petits morceaux de métal permettant de tirer en rafales, tout droit sortis des usines de la société française Eurolinks1. Apprenant l’existence de cette mortelle cargaison, les travailleur·euses portuaires et leur syndicat la CGT, bien implantée à Fos, refusent de charger les 14 tonnes de marchandises. « Les dockers et portuaires du Golfe de Fos ne participeront pas au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien », fait savoir la CGT dans un communiqué. Le lendemain, réaffirmant leur solidarité avec le peuple palestinien, les dockers bloquent l’embarcation de deux nouveaux conteneurs remplis de tubes de canons fabriqués dans la Loire par la compagnie métallurgique Aubert et Duval. (...)

Dans les jours qui suivent la grève, des « bravo les dockers » s’élèvent au-dessus des rassemblements propalestiniens en France. Chacun luttant depuis où il se situe, d’autres citoyen·nes, qui n’occupent pas une place décisive dans le système de production et de logistique, décident d’augmenter d’un cran la pression sur les gouvernements en tentant de se rendre directement à Gaza pour exiger la levée du blocus humanitaire, imposé début mars par Israël.

Marche vers Gaza

C’est le cas de Rakia, contrôleuse de paie à Aix-en-Provence. Il est 2 heures du matin lorsque son avion atterrit sur le tarmac de l’aéroport du Caire le vendredi 13 juin. Elle réussit à passer le poste-frontière avec sa petite valise à roulettes sans être interceptée par la police égyptienne. Un coup de chance. Le lendemain matin, elle doit rejoindre des milliers de militant·es venu·es des quatre coins du globe pour participer à la « Global march to Gaza » (« La marche mondiale vers Gaza »). Une marche depuis la ville d’El-Arish, tout à l’est de l’Égypte, jusqu’à la frontière avec Rafah. 45 kilomètres à parcourir en près de trois jours. C’est du moins ce qui était prévu. Car dans les heures qui précèdent le départ, Rakia reçoit de nouvelles informations via la plateforme de communication Signal. Les chauffeurs de bus affrétés par les organisateur·ices ont été arrêté·es, les véhicules saisis, et un nouveau point de rendez-vous est fixé.

Chacun·e doit désormais se rendre par ses propres moyens à Ismaïlia, à une centaine de kilomètres du Caire. Des centaines de taxis s’élancent alors de la capitale vers le point de rassemblement. (...)

Cette fois, la police arrête son véhicule et saisit son passeport. Venue toute seule, Rakia se retrouve immobilisée sur un petit morceau d’autoroute égyptien avec un millier de personnes, unies par un besoin viscéral de crier leur refus du génocide à Gaza. « Il y avait des Français, des Sud-Africains, des Chiliens, près de 52 nationalités réunies. J’ai vu une grand-mère avec sa fille et sa petite-fille. Une dame en fauteuil roulant. J’en ai eu des frissons. J’ai ressenti tellement d’humanité là-bas, c’était magnifique », raconte-t-elle, émue, en montrant les vidéos sur son téléphone. (...)

En fin de journée, la police ordonne à tout le monde de quitter les lieux. Les coups pleuvent sur celles et ceux qui refusent de partir. Iels seront expulsé·es de force vers leur pays. (...)

Au même moment, la caravane Soumoud (résilience ou persévérance en arabe), partie de Tunisie avec plus d’un millier de personnes était bloquée par les autorités libyennes. Quelques jours plus tôt, la flottille pour la liberté était arrêtée au large de Gaza.

Bataille navale

« L’idée était qu’entre mai et juin soient coordonnées plusieurs tentatives de rupture du blocus, à la fois terrestres et maritimes », explique Baptiste André. Il est l’un des douze membres de l’équipage du Madleen, voilier parti des rives de la Sicile le 1er juin pour tenter d’apporter une aide humanitaire toute symbolique à la population gazaouie. « On n’est ni naïfs ni utopistes, notre bateau c’était le 36e d’une flottille qui est née en 2008 et dont seuls cinq d’entre eux ont rejoint les côtes de Gaza. Donc on imaginait bien que la probabilité d’un succès était assez faible. Mais elle n’était pas complètement nulle », affirme ce médecin de l’hôpital de la Timone à Marseille. (...)

En plein milieu des eaux internationales, l’armée israélienne arrête le bateau et son équipage dans la nuit du 8 au 9 juin. Les images feront le tour du monde. Retenu·es quelques jours dans les geôles d’Israël, les membres de l’embarcation finiront par être expulsé·es vers leur pays.

Durant leurs huit jours de traversée, ils ont pu établir plusieurs contacts en visioconférence avec des habitant·es de Gaza. « Ils nous ont dit combien c’était important pour eux de savoir que le monde les regarde et les soutient, de ne pas se sentir seuls face à un oppresseur qui régit leurs vies et leurs morts », relate Baptiste André, tout juste rentré à Marseille. Déjà, le départ d’un prochain bateau commence à s’organiser.

« Si l’objectif n’est pas atteint cette fois non plus, alors nous recommencerons. C’est en accumulant les petites victoires, les luttes et la pression populaire que par le passé l’apartheid est tombé en Afrique du Sud ou que les Indiens se sont libérés de la puissance coloniale anglaise. Nous, simples citoyens, nous nous devons d’accentuer cette pression sur nos gouvernements », estime le médecin humanitaire, dans une profession de foi encourageante.