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Mediapart
Un rapport de l’ONU confirme des crimes sexuels du Hamas le 7 octobre
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #ONU
Article mis en ligne le 8 mars 2024
dernière modification le 6 mars 2024

Une équipe de l’ONU s’est rendue dans quatre endroits ciblés par les commandos palestiniens le 7 octobre 2023 près de Gaza. Elle confirme les accusations de violences sexuelles commises par le Hamas, une première de la part d’une organisation internationale.

Il existe des « motifs raisonnables de croire » que des victimes des attaques du Hamas du 7 octobre 2023 ont été violées, tout comme certain·es des otages détenu·es à Gaza, conclut un rapport des Nations unies rendu public lundi 4 mars.

Fruit d’une mission de terrain (et non d’une enquête en tant que telle, précise l’ONU), réalisée par sa représentante spéciale sur les violences sexuelles lors des conflits, Pramila Patten, ce rapport d’une vingtaine de pages marque une étape importante.

C’est la première fois qu’une organisation internationale confirme les allégations d’Israël au sujet des violences sexuelles commises par le mouvement islamiste palestinien et d’autres factions armées lors des attaques du 7 octobre, qui ont fait 1 200 morts. (...)

Un sujet extrêmement sensible, au cœur de vives polémiques et instrumentalisations depuis cinq mois en Israël et au-delà. Les ONG de défense des droits humains, les organisations féministes et l’ONU Femmes ont ainsi été accusées en Israël, ou encore en France, de fermer volontairement les yeux sur ces violences de genre.

Signe des tensions, juste avant la publication du rapport onusien, Israël Katz, ministre israélien des affaires étrangères, a accusé les Nations unies de vouloir « passer sous silence le rapport » et annoncé le rappel de son ambassadeur à l’ONU pour consultations. Ce qu’a nié le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, assurant que l’institution n’a « en aucun cas fait quoi que ce soit » pour l’étouffer.

Des « informations claires et convaincantes » (...)

Le Hamas a rejeté le rapport dès le lendemain de sa publication, dénonçant dans un communiqué de « fausses affirmations » et un document qui n’apporte pas de preuves.

Le rapport documente aussi en partie les sévices subis par les Palestinien·nes, notamment celles et ceux qui sont en prison dans le cadre de l’occupation. L’équipe de Pramila Patten a rencontré et interrogé quatre détenus récemment libérés ainsi que des organisations de la société civile et des responsables de l’Autorité palestinienne, qui rapportent des « traitements cruels, inhumains et dégradants infligés aux Palestiniens en détention, notamment le recours accru à diverses formes de violence sexuelle, notamment les fouilles corporelles invasives ; menaces de viol ; et une nudité forcée prolongée ». (...)

S’il éclaire la réalité d’une arme de guerre, devenue banale dans les conflits armés, le rapport onusien démonte aussi plusieurs allégations de violences sexuelles, notamment au kibboutz Be’eri, largement reprises dans les médias alors qu’elles étaient infondées. (...)

En Israël, l’« intimidation » des femmes palestiniennes

Concernant les sévices subis par les Palestinien·nes dans le cadre de l’occupation, l’équipe de Pramila Patten relate encore, parmi les préoccupations, la prise et la diffusion de photos de femmes détenues sur les téléphones personnels des soldats et des enquêteurs, la privation de protections menstruelles pour les femmes.

Ses interlocuteurs ont également fait état de harcèlement sexuel et de menaces de viol, lors de perquisitions à domicile – y compris la nuit – et aux postes de contrôle. Ils ont également souligné les actes d’intimidation, y compris les menaces de viol, si les conditions de détention étaient signalées ou rendues publiques après la libération.

« Bien qu’aucun cas de viol n’ait été signalé, les organisations de femmes palestiniennes ont constamment souligné qu’outre l’intimidation et l’insécurité, le niveau élevé de stigmatisation, les normes culturelles conservatrices et le déséquilibre des pouvoirs dans le contexte de l’occupation empêchent de dénoncer les violences sexuelles », note l’organisation.

Elle demande aux autorités israéliennes de « permettre l’accès » d’une mission du Haut Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme et de la Commission d’enquête indépendante sur les territoires palestiniens, pour mener « des enquêtes à part entière sur toutes les accusations de violations, et compléter et approfondir » les résultats de cette mission.