
De violentes intempéries ont causé l’affaissement d’un talus sur lequel circulait un TGV dans le Sud-Ouest, sans conséquence pour ses passagers. L’épisode illustre l’exposition du réseau ferré aux effets du changement climatique.
Un train au-dessus du vide sur plusieurs mètres : les images de l’incident ferroviaire survenu lundi 19 mai dans le Lot-et-Garonne sont impressionnantes. Vers 20 h 30, les 508 passagers du TGV Paris-Toulouse ont ressenti « une légère secousse » avant l’arrêt du train. Et pour cause, les pluies diluviennes qui ont causé d’importantes inondations dans le Sud-Ouest avaient fait déborder un petit cours d’eau proche des rails, aux abords de la commune de Tonneins (Lot-et-Garonne), emportant le ballast — amas de pierres soutenant les rails — sur une dizaine de mètres.
Le train, qui roulait au ralenti, selon SNCF Réseau, s’est arrêté alors que les rails ne touchaient plus le sol. « On a frôlé la catastrophe, les voies étaient à nu et le TGV en suspension », a témoigné auprès de l’Agence France-Presse le maire de la commune, Dante Rinaudo. Aucun blessé n’a heureusement été à déplorer.
« Il n’y a pas eu de déraillement formel. Le train est resté dans l’axe, même si les roues ne touchaient plus le rail à certains endroits », précise SNCF Réseau à Reporterre.
Des dégâts « à des endroits où on ne s’y attend pas »
À l’image de celle-ci, la SNCF comptabilise 7 000 km de voies en zone inondable, par ruissellement ou débordement. Et le réseau ferré est, de manière générale, particulièrement vulnérable aux effets du dérèglement climatique, qui cause une hausse des températures tout en multipliant les épisodes météorologiques extrêmes. Pour la SNCF, le défi technique est colossal : voies inondées, vents violents déstabilisant les trains, chutes d’arbres, éboulements, surchauffe de rails, incendies, fragilisation des ponts, défaillance de l’alimentation électrique en cas de canicule ou de tempête... (...)
« Les aléas climatiques sont énormes. Ils détruisent régulièrement le réseau à des endroits où on ne s’y attend pas. Cela ne fait que commencer », alertait Franck Dhersin, sénateur Horizons du Nord et ex-Monsieur transports de la région Hauts-de-France, lors d’une conférence de l’Association française du rail, le 8 octobre 2024.
« Notre premier problème, c’est l’effet insidieux du changement climatique sur la végétation » (...)
Le dérèglement climatique implique aussi une explosion des coûts de maintenance. (...)
Des moyens colossaux nécessaires
L’entreprise qui a dû renoncer au glyphosate pour désherber, a vu ses frais de traitement de la végétation passer de 90 millions à 230 millions d’euros par an en dix ans. « Les perturbations du cycle de l’eau » sont la seconde grande menace, dit Alain Quinet.
Dans une note sur le sujet, SNCF Réseau estime que l’infrastructure est « à priori résiliente à l’horizon 2040-2050 », mais pour la suite, « l’ensemble du catalogue technique actuel doit être réexaminé et mis à jour ». Des moyens colossaux seront nécessaires à long terme, notamment pour déplacer les voies qui se situent dans les zones touchées par la montée des eaux, comme c’est déjà le cas de celle reliant Montpellier à Perpignan.
« Les arbitrages budgétaires n’ont pas été en faveur des transports ces dernières années »
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– (France24/AFP)
Au moins trois morts, des ponts arrachés... Le Var touché par de violents orages
Au moins trois personnes sont mortes après de forts orages dans le Var mardi. Deux autres sont portées disparues. Les élus des villes touchées font état d’importants dégâts.
Les pluies orageuses intenses qui ont frappé le Var mardi 20 mai ont fait au moins trois morts, dont un couple d’octogénaires au Lavandou, sur le littoral, où le maire a décrit "des scènes de guerre".
Selon un bilan provisoire de la gendarmerie du Var et de la préfecture du département, "trois personnes ont perdu la vie, deux au Lavandou et une à Vidauban", dans la plaine des Maures. Deux autres sont portées disparues.
La vigilance orange aux orages et pluie-inondation a pris fin à 14 h dans le Var, selon Météo-France, qui a maintenu le département en vigilance jaune.
S’agissant du couple qui perdu la vie au Lavandou, ils ont été emportés avec leur véhicule par un torrent, dans le secteur de Cavalière. Le corps de la femme était resté prisonnier de la carcasse, a indiqué à l’AFP le procureur de la République de Toulon, Samuel Finielz. (...)
"C’était un phénomène vraiment violent, méchant, incompréhensible", a réagi le maire du Lavandou, Gil Bernardi, lors d’une conférence de presse improvisée, notamment devant les micros de BFMTV. Il est tombé "255 mm d’eau en une heure, provoquant une vague énorme", a-t-il ajouté, décrivant des "scènes de guerre" avec des "routes arrachées" et des "ponts arrachés".
"Il n’y a plus rien, plus d’électricité, plus d’eau potable, plus de station d’épuration", a également décrit l’élu.
"Un diagnostic est en cours pour évaluer les dégâts sur cette commune : accessibilité à l’eau potable, état des stations d’épuration, état des routes… Les communes de Vidauban et de La Môle ont également été lourdement touchées. L’aérodrome de La Môle/Saint-Tropez est fermé suite aux inondations", a précisé la préfecture dans un bilan à 15 h.
À Vidauban, la personne décédée a également été emportée par les flots dans son véhicule. (...)
Dégâts dans le Sud-Ouest
Les intempéries dans le Var sont survenues au lendemain de pluies diluviennes qui ont occasionné des inondations et dégâts dans le sud-ouest de la France, notamment sur la ligne ferroviaire Bordeaux-Toulouse, sur laquelle aucun train ne pourra circuler pendant plusieurs jours. (...)
Près de Tonneins, dans le Lot-et-Garonne, une voie ferrée a été endommagée : la pluie a fait déborder un ruisseau qui a emporté le ballast sous les rails sur une dizaine de mètres, interrompant la liaison TGV Toulouse-Bordeaux-Paris.
Un TGV a dû s’y arrêter en pleine voie dans la nuit de lundi à mardi, ses 507 passagers étant évacués par car vers une salle municipale (...)
Un train Intercités reliant Toulouse à Paris est resté bloqué toute la nuit à Agen, en raison de ce même incident, selon un journaliste de l’AFP qui était à bord. Ses passagers ont été acheminés en car vers Toulouse mardi matin.
Selon une porte-parole de la SNCF, la circulation ferroviaire restera coupée pendant "au moins plusieurs jours" entre Agen et Marmande, affectant ainsi le trafic des TGV entre Bordeaux et Toulouse.
Près de Montauban, il est tombé en quelques heures plus de 100 mm de pluie sur le village de L’Honor-de-Cos, où trois petits ponts enjambant un affluent de l’Aveyron ont été emportés par un ruisseau qui s’est transformé en torrent.