
Au moment où la planète suffoque et que des records de températures sont battus, certaines formations politiques, proposent une réponse sidérante : généraliser la climatisation… et stopper le développement de l’énergie solaire.
Un non-sens, à la fois écologique, économique et stratégique que le Rassemblement National et Les Républicains semblent assumer sans complexe.
Marine Le Pen promet un « grand plan pour la climatisation », dès leur arrivée au pouvoir pour équiper massivement les écoles, hôpitaux, maisons de retraite, et même les transports publics. Et Bruno Retailleau, dans une tribune signée conjointement avec François‑Xavier Bellamy et Julien Aubert dans Le Figaro, va plus loin en proposant de "stopper le financement des renouvelables", estimant que ces énergies "n’apportent au mix énergétique français qu’une intermittence coûteuse à gérer".
Pourtant, comme le montrent toutes les études scientifiques, promouvoir la climatisation comme réponse principale à la montée des températures, c’est traiter un symptôme sans s’attaquer à la cause. Pire encore, en augmentant la demande d’électricité, surtout en été, la climatisation alimente indirectement les émissions de gaz à effet de serre, à moins que cette électricité ne provienne massivement d’énergies renouvelables.
Or, ce sont précisément ces énergies, comme le solaire, que ces mêmes partis souhaitent freiner. Cercle vicieux. Vision à courte vue.
Dans un monde confronté à la crise énergétique et à l’instabilité géopolitique, le solaire est un atout stratégique, économique et écologique. Il est propre, local, de plus en plus compétitif, et rapide à déployer. S’opposer à son développement, c’est condamner la France à la dépendance énergétique, freiner l’innovation et retarder la transition nécessaire.
Ces positions traduisent moins un désaccord technique qu’un rejet idéologique de l’écologie, assimilée à une contrainte, voire à une idéologie "punitive". Mais le réel ne se négocie pas (...)
Si le RN et certains ténors de la droite conservatrice rechignent à reconnaître l’urgence climatique, ou à en tirer les conséquences politiques, ce n’est pas qu’ils ne savent pas. C’est qu’ils savent exactement à qui ils parlent
L’écologie demande de la nuance, du temps long, des efforts collectifs. Bref : tout ce que la communication politique moderne déteste. Par contraste, le RN joue sur des réflexes immédiats : sécurité, immigration, pouvoir d’achat, sentiment de déclassement. Le climat, dans ce tableau, apparaît comme une distraction élitiste.
Pour une partie de leur électorat, notamment rural, périurbain, ouvrier, le discours écologique est parfois perçu comme une injonction technocratique ou culpabilisante, portée par “les villes”, “les bobos”, “les européens”. Donc : à rejeter par réflexe identitaire.
Résultat : minimiser le réchauffement, c’est flatter ce rejet culturel, et s’éviter d’expliquer pourquoi les maisons vont devoir être rénovées ou pourquoi la voiture thermique devra disparaître.
L’écologie, dans l’imaginaire de ces partis, est présentée comme un danger pour la liberté individuelle : on ne pourrait plus se chauffer comme on veut, ni manger de viande, ni rouler en diesel. Un fantasme habilement entretenu, car il cristallise les colères sociales et culturelles.
En niant la gravité du réchauffement climatique, ce s partis évitent de parler des transformations à venir.
En caricaturant les solutions, (sobriété = décroissance = retour à la bougie), ils tentent de fédérer autour d’un faux bon sens : “la France ne sauvera pas la planète seule”. (...)
Le refus de prendre au sérieux la crise climatique par ces partis n’est pas un oubli, mais un choix délibéré. C’est le choix de l’efficacité électorale contre la vérité scientifique. De l’indignation ciblée contre la responsabilité politique. Du court terme contre l’avenir.
Et comme toujours dans ce genre de stratégie, ce sont les plus vulnérables qui paieront le prix fort.