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Vaches abattues, produits laitiers jetés et 236 000 euros de perte à cause d’une erreur de l’Etat
#elevage #vaches #tuberculose
Article mis en ligne le 18 avril 2025
dernière modification le 17 avril 2025

La ferme laitière de la famille Maris a été déclarée, à tort, contaminée à la tuberculose bovine et a dû cesser son activité. L’Etat se défausse de toute responsabilité. L’exploitation qui fait vivre 17 personnes se retrouve en grande difficulté.

« Personne ne travaillerait 60-70 heures par semaine comme je le fais pour le salaire que j’ai. Ces gens ne se rendent pas compte de l’impact que cela a sur nos vies. Et cette affaire, c’est la meilleure manière de les détruire. » La colère de Pascal Maris est toujours vive, quinze mois après que sa ferme en Haute-Vienne a été déclarée par la préfecture comme foyer de tuberculose bovine, une maladie infectieuse. Sauf que la préfecture avait tort.

Pendant près d’un mois, du 19 décembre 2023 au 17 janvier 2024, la ferme que Pascal a repris de ses parents, en association avec sa mère, Anja, sous forme de groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC), et qui compte quinze salariés, doit cesser toute une partie de ses activités. Elle se voit d’abord interdite de commercialiser sa production laitière, puis doit suspendre son activité de transformation (beurre, fromages blancs, camemberts...). Les pertes se révèlent considérables, alors que la ferme produit 700 000 litres de lait à l’année et en transforme les deux tiers.

Suite à l’annonce – erronée – d’un cas de tuberculose bovine sur leur troupeau, Pascal a ainsi dû faire abattre plusieurs vaches laitières pour la réalisation d’analyses. Pendant ces quatre semaines, l’exploitation n’a également plus le droit de transformer son lait en fromages à pâte pressée ni de produire du beurre, des fromages blancs ou des camemberts. Si l’on ajoute les surcoûts de main d’œuvre générés par cette situation, les investissements réalisés, conjugués à la perte d’image de l’entreprise et au préjudice moral, les pertes s’élèvent à 236 000 euros selon un chiffrage réalisé par la chambre d’agriculture de Haute-Vienne. (...)

Plus d’un an après, alors que l’exploitation agricole peine à honorer ses factures, la réponse du ministère tombe le 9 avril 2025, par courrier postal. Bien qu’il reconnaisse avoir placé la ferme sous le statut d’exploitation infectée de tuberculose bovine « de manière prématurée », le ministère annonce ne pas verser d’indemnité. (...)

le 18 janvier un courrier signé du préfet confirme officiellement l’erreur. Les « ré-analyses » se sont « avérées négatives ». Il n’y a donc pas de circulation de la tuberculose bovine dans le troupeau. Toutes les mesures sont levées. Le préfet termine son courrier en indiquant son « plus sincère embarras ». (...)

« C’est pas aux consommateurs de payer l’erreur de l’État »

Quinze mois après cette erreur de diagnostic, le Gaec Maris fait face à plus de 100 000 euros de factures impayées. « Comment combler un déficit de trésorerie si l’État ne nous indemnise pas ? Notre seul levier, ce sont les prix de la vente directe. » Concrètement, cela signifie augmenter les prix des produits. Pascal s’y refuse. « Je n’ai jamais lancé de cagnotte car notre objectif, c’est de produire de l’alimentation de qualité et accessible. Il est hors de question que ça retombe sur les consommateurs qui nous soutiennent déjà depuis plus de vingt ans. Ce n’est pas à eux de payer l’erreur des services de l’État ! »

L’éleveur envisage un recours au tribunal administratif, soutenu par la Confédération paysanne de Haute-Vienne. La procédure risque d’être longue mais il y voit « un combat pour les agriculteurs autour de nous qui vivent des situations compliquées » (...)

Dans son village, un éleveur a mis fin à ses jours après avoir vécu deux abattages successifs de son troupeau suspecté de tuberculose bovine. Il pense aussi à un autre agriculteur qui refuse d’abattre la deuxième moitié de son troupeau : ce sont désormais les gendarmes qui lui apportent les courriers des services vétérinaires. « Il y a un mépris du gouvernement vis-à-vis du monde agricole. On est dénigrés, délaissés par l’État. »

Mais l’éleveur a aussi envie d’avancer. « On a plein de projets ! Des choses positives nous animent et je les ai délaissées avec cette affaire. Mon travail c’est de traire les vaches, de faire des fromages, de donner ça aux gens, c’est ça qu’on aime faire. On va y arriver. »