
Comment faire réapparaître l’écologie dans les débats politiques ? Budget 2025, lois agricoles, approche décoloniale... Les Écologistes et La France insoumise ont esquissé des stratégies durant leurs Journées d’été.
(...) Pendant les Journées d’été du parti vert, qui se tenaient du 22 au 24 août à Tours (Indre-et-Loire), les esprits étaient évidemment tournés vers la crise politique actuelle — Emmanuel Macron va-t-il enfin nommer un ou une Première ministre ? —, sans négliger un funeste constat : la disparition de l’écologie dans le débat politique. (...)
Seulement 5 eurodéputés verts ont été élus en France, contre 12 lors du précédent mandat. À l’échelle de l’Europe, le groupe entier est passé de 72 membres à 53. Une dégringolade. (...)
Une bonne partie des ateliers organisés pendant ces Journées d’été visait aussi à établir des stratégies pour remettre l’écologie — portée disparue des débats depuis la dissolution de l’Assemblée nationale — sur le devant de la scène politique. (...)
« Des gens qui apportent des solutions »
Étape 2 : la mise en œuvre et le suivi du plan d’adaptation au changement climatique ; un travail lancé par le ministre démissionnaire de la Transition écologique Christophe Béchu, mais suspendu par la dissolution de l’Assemblée. La plupart des parlementaires et des associations s’accordent à dire que ce plan est un bon début, quand bien même il faudra aller plus loin dans les années à venir. (...)
Si un gouvernement constitué de ministres de gauche et d’écologistes était nommé, ces enjeux automnaux s’annonceraient évidemment plus faciles. Mais même sans cela, les élus assurent pouvoir pousser leurs thèmes, via les missions d’information ou les niches parlementaires. (...)
Quoiqu’amoindrie, la proposition de loi a été votée à l’unanimité à l’Assemblée en avril. Son vote définitif n’a toutefois pas encore eu lieu à cause de la dissolution.
La bataille culturelle va également continuer au niveau local, expliquent les élus. « On va commencer à travailler sur les élections municipales, dit Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble. Croiser les politiques écologiques avec la vie quotidienne des gens, les transports, l’alimentation et le logement ; ça permet de réancrer. »
« Je crois qu’on doit aussi travailler à long terme, pense Marie Toussaint. Notre objectif c’est : comment réussir à formuler une proposition politique désirable pour l’écologie, qui ne donne pas l’impression qu’on va rendre plus difficiles les conditions de vie des gens. »
L’écologie décoloniale comme levier de mobilisation (...)
La France insoumise (LFI) a également organisé sa propre université d’été, du 22 au 25 août, à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme). S’il a été plus difficile pour l’écologie de se frayer une place dans l’actualité verrouillée par la course à Matignon, cela n’a pas empêché les militants de cogiter, pendant plusieurs conférences.
D’abord, un constat. À l’heure où la crise climatique s’aggrave, ceux qui l’ont jusqu’à présent niée ou minimisée tentent désormais de s’en saisir par calcul politique. (...)
La solution : renforcer le mouvement de l’écologie décoloniale, capable de prendre en compte le pillage des matières et des corps, tout en exposant les failles de l’écologie dominante. Car si la cause environnementale peine à mobiliser dans les quartiers populaires et les territoires d’outre-mer, « c’est parce que les milieux écologistes sont un refuge de la blanchité », observe Malcom Ferdinand, politiste et auteur de Une écologie décoloniale, penser l’écologie depuis le monde caribéen (Seuil, 2019). (...)
Fatima Ouassak souhaite, elle, « balayer » la vision qui cantonne les habitants des quartiers populaires au rôle « d’écologistes sans avoir conscience de l’être » car contraints à la sobriété par manque de moyens, et dont les représentants sont instrumentalisés par les partis comme faire-valoir racisés. Pour la cofondatrice du Front de mères, les injustices subies par les quartiers populaires sont autant de leviers de mobilisation. « C’est la qualité de l’air qu’on respire, la terre sur laquelle on se sent légitime, l’avenir qu’on veut donner à nos enfants », liste-t-elle.
Des échéances sur l’agriculture (...)
La rentrée sera particulièrement rude sur le front des politiques agricoles. Si Emmanuel Macron choisit d’imposer un gouvernement qui exclut le Nouveau Front populaire, la loi d’orientation agricole, qui doit être examinée au Sénat, pourrait être encore assouplie en faveur de l’agro-industrie. « Dans ce cas, notre objectif sera de faire tomber cette loi qui est absolument affreuse d’un point de vue environnemental », promet Manon Meunier. La députée garde également les yeux braqués sur le projet de loi sur les « prix planchers » agricoles, proposée par les écologistes, votée contre l’avis du camp présidentiel, et elle aussi entre les mains des sénateurs.
Au Parlement européen, le groupe de Manon Aubry prévoit de son côté de poursuivre la lutte contre les traités de libre-échange. (...)
avant ses longues tirades consacrées à Matignon, le patron de LFI s’est accordé quelques minutes pour poser le constat du « déclin des démocraties » et la montée du néolibéralisme qui mène « aux pires dérives autoritaires », auxquels n’échappe pas la France, surtout en matière d’écologie. (...)
L’occasion pour le tribun d’envoyer un « salut franc et solidaire à Paul Watson », le fondateur de Sea Shepherd en détention provisoire au Groenland, « accusé de terrorisme, alors que c’est l’État japonais qui massacre les baleines ! ». De quoi mobiliser ses troupes avant la rentrée.