
Elle a choisi de se « mettre en retrait de la présidence des Scouts et Guides de France », face à une situation « devenue intenable », entre harcèlement et remise en cause de ses capacités par homophobie et sexisme. La présidente des Scouts et guides de France (SGDF), Marine Rosset, a annoncé quitter ses fonctions, à l’occasion d’un entretien accordé au journal catholique la Croix.
« Ma volonté est de protéger le mouvement, a-t-elle résumé, dans l’interview publiée mercredi 6 août. Après mon élection, il y a eu des gens, extérieurs au scoutisme, des forces politiques, de communications, financières même, qui ont instrumentalisé des prises de position que j’ai pu avoir. »
Ouvertement lesbienne, mère d’un enfant, et défenseuse du droit à l’avortement, celle qui est aussi une élue socialiste dans le 5e arrondissement de Paris est devenue la cible des conservateurs.
« Je suis en colère »
Elle n’aura pu exercer à la présidence des SGDF que deux mois environ, alors même qu’elle avait été élue à une très large majorité en juin dernier. « Je suis en colère, notamment parce qu’on a parfois pu remettre en cause ma foi, du fait de mon homosexualité. C’est blessant, fustige-t-elle dans le quotidien. Ce qui a changé la donne, c’est l’annonce imprévue d’une élection législative partielle dans ma circonscription (où elle a été candidate en 2022 et 2024, NDLR). La moindre de mes prises de parole aurait été surveillée. »
Avec plus de 100 000 adhérents, SGDF est la première association de scoutisme du pays, loin devant les plus conservateurs Scouts unitaires de France et Scouts d’Europe, devenu au fil des ans des pépinières de cadres pour l’extrême droite.
Marine Rosset dit ne pas avoir anticipé « la violence des critiques » après son soutien au droit à l’avortement et sa situation familiale. « J’ai été attaquée tous les jours sur les réseaux sociaux, avec des messages souhaitant ma disparition, alerte-t-elle. Il ne faut pas être dupe, la critique sur mon engagement politique était souvent un moyen de me critiquer sans évoquer mon homosexualité. »
L’extrême droite s’est ainsi jetée sur le moindre signe d’ouverture – par exemple la présence d’un drapeau LGBTQIA + dans une foule – pour agiter le spectre d’un pseudo-entrisme « woke » au sein des Scouts et guides de France. (...)