
Le président russe Vladimir Poutine s’est dit ouvert mardi à des pourparlers avec l’Ukraine, tout en excluant d’échanger directement avec son homologue Volodymyr Zelensky, qu’il a qualifié d’"illégitime". Ce dernier a estimé que le maître du Kremlin avait "peur" des négociations et usait d’"astuces cyniques" pour prolonger le conflit.
Le président américain Donald Trump a fait pression sur les deux parties pour mettre fin aux combats depuis son entrée en fonction le 20 janvier, menaçant de durcir les sanctions contre la Russie tout en affirmant que Volodymyr Zelensky était prêt à négocier un "accord".
Vladimir Poutine a assuré lors d’une interview à la télévision d’État que les combats cesseraient en moins de "deux mois" si l’aide occidentale fournie à Kiev s’épuisait, ce que l’Ukraine redoute.
L’idée de négociations entre Moscou et Kiev est de plus en plus souvent évoquée ces derniers mois par les deux parties ainsi que leurs alliés respectifs, mais rien n’indique pour l’heure qu’elle se concrétisera. (...)
Le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui clame son intention de mettre fin au conflit rapidement, a néanmoins relancé ces discussions, l’Ukraine craignant qu’il ne réduise drastiquement son aide.
Si Volodymyr Zelensky "veut participer à des négociations, je choisirai des personnes qui mèneront ces négociations", a dit mardi Vladimir Poutine, suggérant donc qu’il n’y prendrait pas part lui-même dans ce cas de figure. Volodymyr Zelensky est "illégitime", a-t-il insisté, reprenant un élément de langage martelé par les autorités russes.
Le mandat de Volodymyr Zelensky a expiré, mais la législation ukrainienne interdit toute tenue d’élections tant que la loi martiale, en place depuis le début de l’offensive russe en février 2022, reste en vigueur.
Le président russe a ajouté que toutes négociation, elles aussi,lles aussi "illégitimes" si elles se tenaient maintenant, citant un décret de M. Zelensky ayant exclu en octobre 2022 toute négociation tant que M. Poutine serait au pouvoir.
Le maître du Kremlin a néanmoins jugé qu’il serait malgré tout possible de trouver "un moyen juridique" de tenir des pourparlers si Kiev le souhaitait. "Pour l’instant, nous ne voyons pas de telle volonté", a-t-il assuré. (...)
Une conversation entre Donald Trump et Vladimir Poutine, discutée de longue date mais pas encore concrétisée, est perçue comme une étape importante.
Les positions de Donald Trump sont à ce stade difficiles à cerner. Son pays est le premier soutien militaire de l’Ukraine et il a critiqué plusieurs fois cette aide, mais il a aussi menacé récemment Moscou de davantage de sanctions faute d’accord avec Kiev.
L’Ukraine craint d’être poussée à la table des négociations en position défavorable, car elle est à la peine sur le front, et d’être contrainte de céder ses territoires occupés par la Russie.
Volodymyr Zelensky, longtemps hostile à toute négociation avec Moscou, a ces derniers temps évoqué cette possibilité, mais à la condition de solides garanties de sécurité pour son pays de la part des Occidentaux.
Moscou martèle que tout potentiel accord pour mettre fin au conflit en Ukraine doit tenir compte de ces "réalités du terrain".
Le Kremlin, lui, demande en substance la reddition de l’Ukraine, qu’elle renonce à rejoindre l’Otan et que la Russie garde les territoires ukrainiens dont elle a revendiqué l’annexion. Le conflit n’a cependant montré récemment aucun signe de désescalade.
L’armée ukrainienne a été repoussée au cours de l’année écoulée, manquant d’armes et de troupes sur une ligne de front de 1 000 kilomètres.
Le gouvernement ukrainien a limogé mardi un vice-ministre de la Défense chargé des achats d’armes, après que le ministre de la Défense l’a accusé d’avoir "échoué" à assurer la "fourniture en temps voulu de munitions" aux soldats.