
100 élus locaux de divers horizons politiques, de droite, du centre comme de la gauche mais aussi sans étiquette, dénoncent « la retransmission bienveillante des propos les plus indignes à l’endroit des musulmans » et réclament un « sursaut » et un élan fraternel pour enrayer les stigmatisations et les dévoiements de la laïcité.
La barbe !
La cabale médiatique à travers la retransmission bienveillante des propos les plus indignes à l’endroit des musulmans ainsi que l’inconséquence des prises de position politique au plus haut niveaua de l’Etat nous amènent à dénoncer avec force et détermination les raccourcis périlleux vers lesquels notre pays est entraîné... (...)
Du Ministre de l’Education nationale qui déclare par des mots insensés vouloir « signaler les petits garçons qui refusent de tenir la main des petites filles » au directeur adjoint du Figaro qui affirme à la télévision « détester la religion musulmane », il est de notre responsabilité d’alerter sur les risques que d’aucuns font peser sur la nation en stigmatisant, à dessein, plus de 6 millions de nos concitoyens. La quête des fameux « signaux faibles » jette désormais le trouble et le soupçon sur une foi qui n’aspire à rien hormis le droit à la normalité. Nul ne peut prétendre combattre le terrorisme ou la radicalisation par l’humiliation, sauf à rechercher obstinément et furieusement l’effet inverse. A chaque menace qui plane sur le pays et à chaque attaque terroriste, nos concitoyens de confession musulmane tremblent doublement : pour la nation, parce qu’ils sont concitoyens et pour leur foi parce qu’ils vivent instantanément la méfiance.
L’initiative malheureuse, maladroite et pour le moins équivoque de l’université de Cergy dans la recherche des signaux faibles n’est là qu’un début. Le début d’un bruit sourd qui se répand comme la peste et qui n’a qu’un nom : délation ! Nous voilà doucement mais tout aussi sûrement revenir vers les heures les plus sombres de notre Histoire.Des jours sombres qui n’augurent rien de bon, hormis la défiance et la crispation. À trop pointer du doigt une communauté de croyants, à en faire une menace potentielle dès lors qu’elle porte une barbe ou un voile, l’on verse non plus dans une société de la vigilance mais dans celle de la suspicion. A persister sur ce lexique, il est à redouter la naissance d’une forme de frustration chez la très grande majorité des musulmans qui perçoit, de plus en plus, les positions stigmatisantes à leur endroit comme la volonté manifeste de les soustraire à la nation. Il ne sera plus question de fracture sociale dans notre pays mais bien d’une déchirure nationale. Dévoyer la laïcité au point de mettre à mal le besoin de fraternité, de refuser l’égalité et enfin d’entraver la liberté, voilà qui contribuera à démembrer la volonté de tous de faire corps dans la République. A ce stade, les conséquences seront autrement plus inquiétantes....
Un sursaut. C’est de cela dont nous avons besoin. Et seuls nos concitoyens, dans un élan fraternel, en sont capables. Enfin, notre nation est une et indivisible. Le Président de la République est garant de ce principe. Il est garant de la constitution. Il est garant de l’application de la loi. Il s’agit de sa responsabilité devant le peuple et devant l’histoire. Il est l’incarnation de l’unité. Nous attendons qu’il se lève et le clame à tous.