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La quadrature du net
57 organisations contre la loi « Drone 2 » (19 octobre)
Avec 57 organisations, nous publions cette lettre ouverte contre la loi « drone 2 », actuellement débattue par les sénateurs (relire notre analyse). Nous invitons vos organisations à signer notre lettre en nous écrivant à contact@laquadrature.net (objet : « signature lettre ouverte drone 2 ») et en diffusant cette lettre sur vos sites et réseaux. Merci beaucoup !
Article mis en ligne le 21 octobre 2021

Lettre ouverte contre la loi « Drone 2 »

Le gouvernement est de retour pour autoriser les systèmes de surveillance qui, d’abord prévus dans la loi Sécurité globale, avaient été censurés par le Conseil constitutionnel en mai 2021. Cette nouvelle loi « relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure », a déjà été adoptée par l’Assemblée nationale le 23 septembre dernier. Le Sénat l’examinera le 18 octobre. Il doit la rejeter : contrairement à ce que prétend le gouvernement, ces systèmes de surveillance nuiront tant à notre liberté qu’à notre sécurité, dès lors qu’ils organisent l’escalade technologique des violences policières.

Les articles 8 et 9 autoriseront la surveillance par drone, hélicoptère et voiture. Depuis plus d’un an, la police déploie illégalement des drones pour nous surveiller, malgré deux interdictions du Conseil d’État, une sanction de la CNIL et une censure du Conseil constitutionnel. Les drones sont inutiles aux actions de médiation, d’apaisement et de dialogue avec la population. Ce sont des outils démultipliant les capacités de surveillance et de contrôle, qui facilitent avant tout les interventions violentes de la police, notamment en manifestation afin de dissuader les militant·es d’exercer leurs libertés de réunion et d’expression politique.

L’article 7 autorisera la vidéosurveillance des cellules de garde-à-vue. Le gouvernement prétend agir pour « diminuer les risques de suicide, d’automutilation, d’agression », comme s’il se souciait soudainement du bien-être des personnes qu’il réprime. Plutôt que de protéger les personnes arrêtées, il s’agira de renforcer les pressions et violences psychologiques causées contre elles par l’enfermement et une surveillance de chaque instant sans aucune garantie ni limitation sérieuse.

L’article 16 autorisera la police à recourir à la violence physique pour obtenir les empreintes digitales et la photographie des personnes suspectées d’avoir commis une infraction punissable d’au moins trois ans de prison. Cette violence pourra s’exercer contre des enfants de 13 ans, pour peu que la police les suspecte d’avoir commis une infraction punissable de cinq ans de prison. Les empreintes et photos ainsi obtenues pourront être recoupées avec les fichiers de police existants, notamment par reconnaissance faciale.

Cette loi organise un monde où les développements technologiques renforcent et justifient les violences que la police peut exercer contre la population. Cette escalade de la violence ne repose sur aucun besoin objectif qui serait soutenu par des études ou des chiffres concrets. Elle ne semble viser qu’au développement d’un État policier qui, une fois en place, ne s’encombrera pas des limites que le droit aurait tenté de lui poser (les quatre interdictions rendue l’an dernier n’ont pas empêché la police de déployer des drones, encore aujourd’hui1).

Pour ces raisons, l’ensemble de ces mesures doivent être rejetées.

Lire aussi :

Adoption par le Sénat du projet de loi encadrant l’usage des drones par les forces de l’ordre

Le cheminement de la loi relative « à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure » encadrant entre autres l’usage des drones par les forces de l’ordre va-t-il enfin s’achever ?

Le Sénat, en première lecture les 18 et 19 octobre 2021, a intégré plusieurs amendements, puis adopté le projet de la loi par 235 voix pour et 28 contre. Le résultat complet du vote est public, avec le classement par groupes politiques et indication des votes (ou non votes) des sénateurs.

L’article 8 de cette loi est celui qui traite de l’usage des drones par les forces de l’ordre. Pour faire simple, le Sénat a rétabli sa propre version du projet de loi, par opposition à celle de l’Assemblée nationale. (...)

Parmi les amendements adoptés ?

  • Il y a l’obligation de garantie de l’intégrité des enregistrements et la traçabilité des consultations jusqu’à leur effacement, avec des dispositifs techniques adaptés (voir ici).
  • Les militaires sont habilités à réaliser des captations en drones sur réquisition de l’autorité civile (voir ici).
  • Le préfet peut mettre un terme, à tout moment, à l’autorisation qu’il a lui-même délivrée (pour une durée maximale de 3 mois) si les conditions des vols ne sont plus convenables (voir ici).
  • Un amendement précise les conditions d’usage des drones par les services de police municipale, à titre expérimental (voir ici).
  • Enfin un dernier amendement prévoit les conditions de captation d’images à l’aide de drones dans les lieux publics lors des enquêtes pénales, sans le consentement des personnes visées lorsque les conditions l’exigent (voir ici).

La Quadrature du Net en total désaccord (...)

Et maintenant ?

Il y a deux variantes du projet de loi, qui diffèrent finalement assez peu sur le fond. Le texte est reparti à l’Assemblée Nationale. La prochaine étape consistera à trouver une conciliation en Commission Mixte Paritaire (composée de 7 députés et 7 sénateurs). Mais si les députés et les sénateurs ne parviennent pas à produire un texte commun, c’est la version de l’Assemblée Nationale qui devrait être finalement adoptée. A suivre…