
26 juillet, 18h – Romin rejoint l’association Utopia 56 sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris. La veille, l’Afghan de 16 ans a été refusé à l’Accueil mineurs non accompagnés (AMNA), le dispositif d’évaluation de France Terre d’Asile. Aujourd’hui, il n’est officiellement, pour la législation française, ni majeur, ni mineur. Ce qui veut dire qu’il n’a plus accès aux centres d’hébergement. À la rue, Romin (qui se prononce « Romine ») est accueilli par Luc, responsable du pôle mineurs isolés d’Utopia, avec deux autres jeunes issus de Côte d’Ivoire. Arrivé en France il y a un mois, il confie ne plus rien ressentir depuis
En bas des escaliers de béton en colimaçons, ils découvrent le campement. Un amas de plus de 60 tentes bleues et grises, sur un sol pavé au bord de la Seine, côtoie un seul arbre qui se dresse au milieu. (...)
. À l’horizon, aucune fontaine d’eau à moins de deux kilomètres, aucun sanitaire et le premier commerce est à 15 minutes de marche. Ils sont seuls au monde dans un campement invisible depuis la route. Romin et ses deux comparses sont accueillis par les mineurs isolés déjà installés sur le lieu. « Je me sens tout de suite un peu mieux d’être dans un endroit avec du monde », raconte l’adolescent, sa couverture dans les bras :
« Je n’ai nulle part d’autre où aller. Même si c’est la première fois que je dors dans une tente, c’est rassurant d’avoir une sorte de toit, une couverture et de quoi manger. »
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Steve, un Camerounais au polo blanc, l’aide à monter sa tente dans un recoin du campement, contre un mur qui l’abrite du vent. (...)
Malgré ses 16 ans, il a très vite été considéré comme un grand frère car il semble toujours à l’écoute et prêt à aider. À l’approche de l’orage, Steve se charge de protéger les cagettes de nourriture dans sa tente (...)
Il sourit mais dans ses yeux se ressent la détresse psychologique de la traversée et des mois précédents passés dans un camp en Italie. Il est toujours avec des écouteurs dans les oreilles sans jamais mettre de musique, ça l’aide « à ne pas penser ». Steve explique être devenu « transparent » depuis son arrivée en Europe. Sans ses papiers, qu’il peine à envoyer depuis le Cameroun, il n’est pas en mesure de prouver son âge et d’accéder à un logement ou des distributions alimentaires des autorités, ni de demander l’asile en tant que personne majeure. Alors, il tente de s’occuper comme il peut avec les réseaux sociaux sur son téléphone. (...)
. Mehdi raconte : « Je connais Paris comme ma poche. La Tour Eiffel, Châtelet, toutes les petites rues n’ont plus de secret pour moi ». Fatigué de n’avoir ni papiers ni argent, Mehdi a commencé à voler afin de pouvoir « devenir riche ». Dans sa tente se trouve par exemple une télévision, et tant pis s’il n’a rien pour la brancher. À force d’être abandonnés et invisibles, certains ados comme Mehdi sont entraînés dans les réseaux de trafic, la consommation de stupéfiants ou le vol. (...)