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À Lesbos, l’arrivée de l’hiver rend encore plus difficiles les conditions de vie des migrants dans le nouveau camp
Article mis en ligne le 4 décembre 2020

Dans ce lieu construit à la hâte après l’incendie du camp de Moria, en septembre dernier, des milliers de personnes vivent dans des conditions extrêmement précaires. L’arrivée de l’hiver va encore aggraver la situation.

Début octobre, c’était la pluie qui avait dévasté en partie le nouveau camp de migrants installé sur l’île grecque de Lesbos. Ces derniers jours, c’est le vent glacial qui fait souffrir les 7 300 personnes qui vivent ici sous des tentes, sans chauffage ni eau chaude. Parmi elles, se trouvent 1 210 familles, selon des chiffres du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

"Le vent est si fort qu’on ne peut pas dormir la nuit. Quand il souffle violemment, ma famille et moi devons tenir notre tente pour éviter qu’elle ne s’envole. Il y a quelques jours, le vent a emporté une tente et l’a envoyée dans la mer", raconte à InfoMigrants Mohammad, un Palestinien de Gaza de 27 ans, à Lesbos depuis 18 mois.

Les nuits sont d’autant plus compliquées dans le camp que les personnes migrantes ne disposent pas de matelas dans les tentes. Elles dorment à même le sol sur des bâches et couvertures, au contact du froid et de l’humidité. (...)

Champ de boue

Il n’a pas plu depuis plusieurs semaines à Lesbos mais tous les habitants du camp craignent le retour de la pluie. Sur ce terrain militaire situé en bord de mer, sans système d’évacuation de l’eau, ni drainage, les intempéries transforment en quelques minutes le camp en champ de boue. (...)

Contacté par InfoMigrants, le HCR assure avoir déversé près de 2 000 mètres cubes de gravier pour améliorer le drainage du sol. Pour tenter de mettre les affaires des personnes à l’abri de l’humidité, des palettes de bois ont également été installées sous les tentes.

Mais tout cela ne règle pas la question du froid. (...)

"Nous prenons nos douches à l’air libre et parfois même nous sommes obligés d’aller faire nos besoins en brousse pour éviter les maladies dans les toilettes mobiles. Vu que tout le monde s’y rend, c’est insalubre et très sale", affirme-t-il. Et d’ajouter : "Nous restons parfois plusieurs jours sans nous laver".

Quand les températures étaient encore clémentes, les habitants du camp se lavaient bien souvent dans la mer mais le climat actuel ne le permet plus.
"Je vis mon pire cauchemar"

En outre, parmi les conditions de vie extrêmement difficiles du camp, de nombreux résidents notent que le plus dur est l’inactivité. (...)

Aujourd’hui, quelques cours sont parfois improvisés dans les tentes mais la plupart des demandeurs d’asile se consument d’ennui. À Lesbos, depuis un an, Abu Fadel, Syrien, se désespère de voir ses enfants ne pas aller à l’école. "Je suis en train de vivre mon pire cauchemar : voir mes enfants passer des jours et des mois à ne rien faire, comme si leur futur me glissait entre les doigts."