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A Villiers-le-Bel, un millier de personnes exigent la vérité pour « Ibo »
Article mis en ligne le 10 octobre 2019

Le décès du jeune Ibrahima Bah, 22 ans, à Villiers-le-Bel a suscité de l’émotion et de la colère, bien au-delà des limites de la commune du Val-d’Oise. Les circonstances troubles de sa mort et la volonté des pouvoirs publics de l’en rendre responsable étaient au coeur des discours lors du rassemblement qui s’est tenu lundi soir, à l’endroit même des faits. Reportage.

Diané, le grand frère d’Ibrahima, est à la manœuvre. Au micro, il commence par remercier les gens de le soutenir dans cette terrible épreuve. Il tient particulièrement à ce que la mobilisation d’aujourd’hui se déroule dans le calme. La consigne est suivie à la lettre. Le cortège commence à converger vers le centre-ville. Il y a en majorité des jeunes, mais aussi des moins jeunes, des gens d’origines et de cultures diverses. Partout, les portables sont sortis, beaucoup immortalisent la scène, certains la diffusent en direct sur les réseaux sociaux, où des milliers de personnes la suivent. (...)

La marche dure à peine huit minutes, puis s’arrête soudainement au rond-point du 19 mars 1962. C’est ici qu’Ibrahima est décédé. Sur sa moto. Les circonstances de sa mort sont troubles et c’est ce qui justifie la colère et l’exigence de vérité qui transparaissent, ce lundi à Villiers. D’après la police, le jeune homme serait mort après avoir percuté un poteau métallique. Les versions de la police et des témoins présents divergent sur ce point précis. Les autorités assurent que les policiers ont simplement demandé au jeune homme de s’arrêter, ce qu’il a refusé de faire, perdant le contrôle de sa moto. Des témoins présents indiquent quant à eux qu’un camion de la police a démarré au moment où Ibrahima arrivait, tentant de lui barrer la route. Ce qui l’aurait contraint à dévier sa trajectoire. (...)

A l’endroit même où ces faits se sont produits, ils sont donc un millier, le lendemain, à réclamer la vérité. Des motards arrivent et bloquent le rond-point. Certains stoppent les véhicules, prennent le temps d’expliquer aux automobilistes la raison de leur présence. Les motards se mettent à faire crisser leurs pneus pendant quelques minutes, afin de rendre hommage à Ibrahima. Puis, c’est à nouveau Diané qui s’exprime devant l’assistance : « Il y a des vidéos (une caméra de vidéosurveillance surplombe les lieux, ndlr), on demande à voir ces vidéos, clame-t-il. Mon frère a été tué par les forces de l’ordre. Ce n’est pas un accident. Ce n’est pas une bavure. C’est une violence policière. » Le grand frère demande ensuite de respecter une minute de silence en mémoire de son frère défunt. Les personnes s’exécutent et laissent la place à un silence poignant et lourd. Des larmes coulent sur certains visages. Le grand frère d’Ibrahima déplore l’absence des politiques et des pouvoirs publics, dont il n’a eu aucun signe depuis la mort de son frère. (...)

La foule scande un slogan devenu emblématique des luttes contre les violences policières : « Pas de justice, pas de paix ! » Un autre emblème de ces luttes, Assa Traoré, est là aussi. « Avant de mener le combat pour mon frère, j’étais éducatrice à Sarcelles. Je connaissais bien Ibo, rappelle-t-elle. Aujourd’hui, on se bat pour tous les Ibrahima, on se bat pour tous les Adama, pour tout le monde. Mais c’est un combat qu’il faut mener ensemble. Ça fait 3 ans que je dois me battre. Avant d’aller sur du national, vous devez porter la lutte ici, entre Villers-le-Bel et Sarcelles. Si vous ne le faites pas, l’extérieur ne va pas suivre. » (...)

Diané a annoncé qu’il allait porter plainte contre la police par l’intermédiaire de son avocat, Me Yassine Bouzrou. Le rassemblement s’est terminé dans le calme. Sans que la colère et l’exigence ne faiblissent pour autant.