Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
A la ferme des Bouillons, une gestion des terres bien opaque
Article mis en ligne le 23 septembre 2015

Voilà plus d’un mois que la ferme des Bouillons, haut lieu alternatif dans la banlieue de Rouen, a été vidée de ses habitants par la force publique. « L’heure de l’explication et de la transparence est venue », plaident les membres de l’Association de protection de la ferme (APFB). Ils attendent de pieds ferme la tenue, ce 22 septembre après-midi, du conseil d’administration de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) de Haute-Normandie [1].

La Safer ? C’est une société anonyme, sans but lucratif (sans distribution de bénéfices), avec des missions d’intérêt général, qui dispose d’un droit de préemption lors de la vente des terrains agricoles pour ensuite les répartir aux agriculteurs candidats à une reprise. Celle de Haute-Normandie a refusé de préempter les terres de la ferme des Bouillons. Elle n’a pas examiné les différentes propositions de reprise en vue d’évaluer l’offre la plus pertinente. Résultat : les terres reviennent aux acheteurs choisis par Immochan, la fililale immobilière d’Auchan propriétaire des terres, sans possibilité de discuter du projet mûri pendant des mois par les occupants. Dans une lettre ouverte au conseil d’administration de la Safer, l’AFBP dénonce une « gouvernance foncière agricole (...) organisée pour être secrète ». Et entend poser publiquement la question du devenir agricole des terres en France. (...)

Parmi les questions soulevées par l’AFPB, celle des étranges prix de vente pratiqués. Immochan a en effet payé les anciennes terres agricoles des Bouillons plus de 700 000 euros, pour les revendre trois ans plus tard 150 000 euros à la SCI ! Immochan a pour l’instant refusé d’expliquer cette différence de prix. Des élus montent alors au créneau. Claude Taleb, vice-président EELV de la région Haute-Nomandie chargé de l’agriculture accuse l’État de « trahison » lors d’une conférence de presse : « La communauté que je représente a été trahie par les services de l’État. J’ai vu un relevé de conclusion de réunion, qui a eu lieu le 10 août, entre le préfet, la DRAF (le ministère de l’agriculture en région, ndlr), et la Safer. L’ensemble du scénario qui s’est déroulé jusqu’à l’expulsion de mercredi était déjà écrit : pas de préemption, on laisse faire l’attribution à la SCI, l’évacuation policière. Ni la DRAF, ne le préfet n’ont jugé utile de tenir au courant la région de leurs intentions ». (...)

Les anciens occupants de la ferme des Bouillons demandent aux administrateurs de la Safer la communication de tout les documents qui ont abouti à la décision de non préemption de la ferme des Bouillons [3]. Dans cette attente, ils sont hébergés aux Jardins de Repainville, un autre lieu né d’une lutte victorieuse contre… un projet d’implantation d’une grande surface Castorama sur une zone maraîchère. Affaire à suivre.