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Le Monde
A la tribune des Nations unies, le premier ministre pakistanais dénonce les effets du dérèglement climatique sur son pays
/AFP
Article mis en ligne le 24 septembre 2022

Le Pakistan, victime d’inondations dévastatrices cet été et qui ne représente que 0,8 % des émissions mondiales de CO₂, considère être injustement frappé par les effets climatiques provoqués par l’industrialisation des grands pays.

Le Pakistan a voulu faire passer un message fort sur le climat, vendredi 23 septembre, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) à New York. Victime de spectaculaires et dramatiques inondations durant l’été, le pays d’Asie du Sud a dénoncé les effets sur son sol du dérèglement climatique, et lancé un appel désespéré à sauver la planète menacée.

Lorsque le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est rendu, le 10 septembre, dans un Pakistan sous les eaux, il s’est écrié n’avoir « jamais vu un carnage climatique de cette ampleur ». Vendredi, le premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a abondé dans son sens : « Le Pakistan n’a jamais vu une telle illustration absolue et dévastatrice de l’impact du réchauffement climatique. » (...)

Mais le chef du gouvernement, dans un discours vibrant, y a ajouté une sombre prédiction. Il a prévenu la communauté internationale que cette « calamité » climatique due à des pluies de « mousson monstrueuses » n’était qu’un prélude à ce qui attend le reste du monde. « Une chose est très claire : ce qu’il s’est passé au Pakistan ne restera pas cantonné au Pakistan », a lancé M. Sharif, la voix parfois prise par la colère et le visage fermé.

« La définition même de la sécurité nationale a aujourd’hui changé et à moins que les dirigeants mondiaux ne s’unissent et n’agissent maintenant sur un programme minimal, il n’y aura plus de Terre pour y mener des guerres. La nature va contre-attaquer et pour cela l’humanité n’est pas de taille. »

Près de 1 600 morts (...)

les inondations ont recouvert un tiers du Pakistan – soit la superficie du Royaume-Uni – et provoqué la mort de près de 1 600 personnes depuis juin, selon le dernier bilan.

Habitations, commerces, routes, ponts et récoltes agricoles ont été détruits. Islamabad a évalué ses pertes financières à 30 milliards de dollars (environ 31 milliards d’euros) et son ministre des finances, Miftah Ismail, a annoncé, vendredi, sur Twitter, qu’il demanderait un allégement de sa dette auprès de créanciers bilatéraux. Dans ce pays coincé entre l’Afghanistan, l’Iran, l’Inde et la Chine, plus de sept millions de personnes ont été déplacées, beaucoup vivant dans des camps de fortune sans protection contre les moustiques et où manquent l’eau potable et les sanitaires. (...)

Injustice

Mais pour Islamabad, les effets du climat sont particulièrement injustes pour un pays pauvre en développement de 220 millions d’habitants et d’à peine 350 milliards de PIB annuel (en 2021 selon la Banque mondiale). « Pourquoi mon peuple paie le prix d’un tel réchauffement climatique ? », s’est interrogé le premier ministre, alors que le Pakistan représente 0,8 % des émissions mondiales de CO2.

Il s’est emporté contre une « nature [qui] a déchaîné sa furie contre le Pakistan sans même regarder notre empreinte carbone ». « Le Pakistan et les Pakistanais n’ont pas créé cette crise dont ils sont [maintenant] les victimes » en raison de « l’industrialisation de plus grands pays », a renchéri, devant la presse, à l’ONU le jeune ministre des affaires étrangères, Bilawal Bhutto Zardari. (...)

Les pays riches « parlent mais ils n’agissent pas »

De la même manière, la première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a dénoncé dans un entretien à l’Agence France-Presse (AFP) en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, la « tragédie » de l’inaction des pays riches : « Ils n’agissent pas. Ils parlent mais ils n’agissent pas. » Face aux promesses climatiques non tenues, ces pays sont responsables des dégâts, selon elle, « mais ne font rien ». (...)

Face aux menaces qui augmentent, les gouvernements du Sud dénoncent régulièrement les vaines promesses des pays développés (...)