Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Sud-Ouest
Affaire Cahuzac : Columbo tient le bon bout
Article mis en ligne le 28 mai 2013

La justice pourrait annuler l’avertissement infligé à l’agent du fisc qui voulait enquêter sur le compte suisse de Jérôme Cahuzac

Les ministres du Budget passent, les directrices de cabinet restent. Après avoir été la collaboratrice dévouée de Jérôme Cahuzac, Amélie Verdier a été conservée par le successeur de celui-ci, Bernard Cazeneuve. Cette jeune inspectrice des finances est un peu le symbole de l’aveuglement de la Direction des finances publiques. Entendue la semaine passée par la commission d’enquête parlementaire, elle a essayé de ridiculiser Rémy Garnier, le vérificateur lot-et-garonnais sanctionné en 2008 par sa hiérarchie pour avoir notamment voulu enquêter de sa propre initiative sur le compte suisse de Jérôme Cahuzac. (...)

Le réquisitoire de la directrice de cabinet fait bien peu de cas de la réalité. Depuis plusieurs années, le limier du fisc que ses collègues surnommaient « Columbo » quand il était encore en activité gagne tous ses procès contre l’administration des impôts. L’audience qui s’est tenue hier devant la cour administrative d’appel de Bordeaux ne devrait pas inverser la tendance (1). Le rapporteur public, le magistrat indépendant chargé de dire le droit, dont les avis sont généralement suivis, a fermement demandé l’annulation de la sanction disciplinaire prise en 2008 par Éric Woerth, alors ministre du Budget.

À l’époque, Rémy Garnier, quoique couvert d’éloges quelques années plus tôt par sa hiérarchie, fait figure de pestiféré. L’homme, habité par sa mission, n’est pas du bois dont on fait les copeaux. Neuf ans auparavant, il n’a pas voulu se taire. En 1999, sur intervention de Jérôme Cahuzac, alors député PS de Villeneuve-sur-Lot, le redressement de 450 000 euros qu’il avait notifié à la coopérative France Prune a été effacé par Bercy. En avisant les dirigeants de l’entreprise, le vérificateur n’a pu s’empêcher d’écrire qu’il maintenait ses observations, validées en leur temps par sa direction. En 2001, ces quelques mots transmis à sa hiérarchie par l’avocat de France Prune lui valent d’être mis derechef au placard.

Le contrôleur se rebelle. En interne, il alimente en permanence un débat sur tous les passe-droits fiscaux dont il a connaissance. (...)