
Ce mardi, le projet de loi concocté par le gouvernement pour améliorer le revenu des agriculteurs et rendre notre alimentation plus « saine et durable » arrive devant les députés. Ses défenseurs annoncent un tournant pour l’agriculture, ses détracteurs un texte manquant d’ambition.
Au départ, la recette semblait appétissante, les ingrédients soigneusement choisis. Le 11 octobre 2017, dans son discours de Rungis, Emmanuel Macron annonçait vouloir « un modèle agricole qui réponde aux objectifs de santé et d’environnement » de l’agriculture française. Il avait parlé d’« accompagner la montée en qualité, la montée du bio », affirmé que le but n’était pas de « concurrencer demain la ferme des 100.000 vaches en Chine »…
Autant de mots qui avaient doucement sonné aux oreilles des défenseurs de l’environnement et de l’agriculture paysanne ou bio, réunis au sein de la plateforme pour une transition agricole et alimentaire. Alors qu’ils menaçaient de quitter le processus des états généraux de l’alimentation, ce bilan présidentiel à mi-parcours les avait convaincus de participer au deuxième round. D’autant plus qu’on leur promettait qu’il en sortirait un beau plat de résistance : une loi qui, à la fois, permettrait aux producteurs d’être plus justement rémunérés, et ferait monter en qualité la production agricole française.
Ce projet de loi « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable », commence à être débattu en séance plénière ce mardi 22 mai devant l’Assemblée nationale. Mais les premiers fumets s’échappant des cuisines parlementaires inquiètent certains convives.
« La batterie de propositions n’est pas à la hauteur », constate la plateforme pour une transition agricole et alimentaire, rassemblant ONG et syndicat agricole alternatif. « Rien ne mène vers une réelle transition agricole », regrette Nicolas Girod, secrétaire national de la Confédération paysanne. « Le mot “climat” est absent du projet de loi, celui de “biodiversité” quasiment aussi », relève Arnaud Goffier du WWF. (...)