
A la veille de l’élection de F. Mitterrand en 1981, la droite agitait le spectre des chars russes sur les Champs Elysées. En 2012, l’URRS ayant disparu, il fallait bien trouver un diable de substitution pour effrayer les petites gens. La droite l’a trouvé en la personne de Christianne Taubira.
Pourtant s’il y a une nomination dont on devrait se féciliter, c’est bien celle de la nouvelle garde des sceaux. D’abord parce que la comparaison s’impose avec Rachida Dati qui l’a précédé place Vendôme : diversité de papier glacé contre diversité de combat, le combat de toute une vie. Ensuite parce que les premiers gestes politiques de Taubira sont de clairs indices d’un changement de paradigme politique. Sur le harcèlement sexuel, la suppression des tribunaux pour adolescents, ils vont à l’encontre de la doxa sécuritaire qui empoisonne l’esprit public depuis dix ans. La droite ne s’y est pas trompée. Jean François Copé a prévenu l’électeur égaré : « Quand on vote front national on a la gauche et on a Taubira »… Déclaration pour le moins ambigüe sur laquelle on aimerait bien qu’il s’explique.
(...) Il fut un temps où le petit bourgeois s’alarmait de voir entrer des communistes au gouvernement, L’ex communiste Besson voit rouge quand les femmes prennent toute leur place au sommet de l’Etat. Lilith a pris la place de Lénine dans l’imaginaire du petit blanc et le rouge à lèvres remplace avantageuement le couteau entre les dents. C’est tout juste si la castration féminine ne fait pas fonction de guillotine symbolique. Le sentiment d’insécurité, à force de flatteries, s’étend, mute ; il était physique, il est devenue social, le voilà culturel, et même sexuel. A Taubira ! ça ira ! ça ira ! Les petits hommes blancs à la lanterne…