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RFI
Procès du cimentier Lafarge : trois employés racontent la cohabitation terrifiante avec le groupe État islamique
#Lafarge #Syrie #terrorisme #multinationales
Article mis en ligne le 11 décembre 2025

En France, poursuite du procès du cimentier Lafarge, accusé d’avoir financé en Syrie des groupes armés terroristes, dont le groupe État islamique. La multinationale avait maintenu son activité dans son usine de Jalabiya, au nord de la Syrie, jusqu’en 2014, alors que le califat avait été proclamé un an plus tôt dans la région. Si les employés expatriés avaient été évacués dès l’été 2012, une trentaine de Syriens ont été poussés à rester jusqu’en septembre 2014, au péril de leur sécurité. À la barre, ces anciens employés ont raconté, ce mercredi 10 décembre, les mois terrifiants passés à cohabiter avec le groupe État islamique face à un employeur sourd à leurs appels à l’aide.

(...) : « Le chauffeur du bus tendait au combattant une liste de noms avec, côte à côte sur la feuille, le logo de Lafarge et de l’État islamique », preuve pour lui d’un accord de laissez-passer.

Sous leurs yeux, le spectacle insoutenable des exactions : cet ancien salarié se souvient du corps crucifié d’un soldat de l’Armée syrienne libre, exposé sur le bas-côté une semaine entière. « C’est à ce moment-là que j’ai mis ma famille à l’abri en Turquie, mais moi, j’étais obligé de retourner à l’usine. » (...)

Des pressions managériales, des cadences éreintantes pour remplacer les effectifs expatriés, dont témoigne aussi cet autre employé, qui avait souhaité dormir sur le site pour éviter les déplacements. Il réussira à fuir de justesse avant la prise de l’usine par les jihadistes, qui le kidnapperont quelques heures plus tard. (...)

Leur constitution partie civile a été rejetée puisque Lafarge est ici poursuivi pour financement du terrorisme, mais l’instruction qui concerne la complicité de crime contre l’humanité et le sort réservé aux employés syriens est toujours ouverte et pourra faire l’objet d’un renvoi devant la cour d’assises.