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La Rotative
Aires d’accueil : en Indre-et-Loire, la mise à l’écart systématique des Voyageurs
Article mis en ligne le 5 avril 2021
dernière modification le 4 avril 2021

En nous appuyant sur le travail de William Acker, nous avons procédé à l’inventaire des aires d’accueil des « gens du voyage » dans le département. Leur localisation (ou leur absence) témoigne de la faillite du système d’« accueil » organisé par les pouvoirs publics, que les collectivités locales font tout pour contourner.

À Saint-Cyr-sur-Loire, l’aire d’accueil est située au milieu d’un échangeur routier. À Neuillé-Pont-Pierre, elle se trouve entre la route départementale et les poubelles du Super U. À Saint-Martin-le-Beau, elle est juste à côté d’une station d’épuration. Celle de Saint-Règle est située aux confins de l’aire urbaine d’Amboise, à l’extrémité de la zone industrielle de la Boitardière ; prévue dès juin 2002, elle n’a été inaugurée qu’en août 2017. Les communes de La Riche et Ballan-Miré n’ont jamais construit les aires prévues.

Ces quelques exemples permettent de prendre la mesure de l’exclusion organisée des Voyageurs sur le territoire départemental. Population désignée comme « indésirable », visée par de nombreux stéréotypes régulièrement véhiculés par les médias et le personnel politique local, elle est assignée à des lieux indésirables : en dehors des villes, aux abords des zones commerciales ou industrielles, exposés à des nuisances sonores ou environnementales. Loins des yeux des « gens-du-sur-place », pour reprendre l’expression du juriste William Acker, qui a réalisé un inventaire critique des aires d’accueil françaises. (...)

Exclusions de territoires

C’est la loi du 5 juillet 2000 « relative à l’accueil des gens du voyage », dite loi Besson II, qui encadre le système des aires d’accueil. Cette loi est venue renforcer l’obligation légale des communes de plus de 5 000 habitant·es de « prévoir les conditions de passage et de séjour » des Voyageurs sur son territoire « par la réservation de terrains aménagés à cet effet », c’est-à-dire de construire des aires d’accueil. En contrepartie, les communes ou intercommunalités qui respectent leurs obligations peuvent interdire le stationnement sur tout le reste du territoire concerné. Ce système d’accueil est donc aussi un système d’interdiction : les Voyageurs sont assignés aux rares espaces qui leur sont alloués, et peuvent faire l’objet de mesures d’expulsions quand ils souhaitent s’y soustraire ou que les aires existantes ne peuvent les accueillir. En Indre-et-Loire, seules 26 communes sont légalement accessibles aux Voyageurs, sur les 272 que compte le département. (...)

Dans son inventaire critique, William Acker estime que 96 % des aires du département sont isolées du tissu urbain d’habitation. Seule celle de Couesmes fait figure d’exception. 25 % des aires sont exposées à des nuisances (...)

Un « accueil » revu à la baisse (...)

Le dernier schéma départemental, qui date de 2017, évoque « l’évolution des besoins et du mode de vie des gens du voyage » pour justifier de ne pas reconduire les obligations qui avaient été faites à certaines collectivités de réaliser des aires. (...)

En bâtissant des aires inhospitalières sur des terrains mal situés, les collectivités organisent leur sous-fréquentation, et se réfugient ensuite derrière cette situation pour contourner leurs obligations en matière d’accueil. (...)