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Allocation adulte handicapé : le brutal passage en force du gouvernement
Article mis en ligne le 20 juin 2021

Des associations, comme de nombreux parlementaires, voulaient réformer l’aide aux personnes handicapées, pour qu’elles ne soient plus dépendantes de leur conjoint ou conjointe. Mais la majorité s’y est opposée et a imposé sa vision, provoquant un tollé.

Il y a des passages en force qui n’honorent pas ceux qui s’y prêtent. Et le fait de les pratiquer en toute légalité ne change rien.

Celui opéré par le gouvernement dans la soirée du 17 juin pour faire passer sa vision de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) en fait partie. Il a provoqué un tollé parmi de nombreux députés, qui ont préféré quitter l’hémicycle plutôt que de prendre part au vote.

Les parlementaires avaient à se prononcer sur une proposition de loi visant à individualiser (ou « déconjugaliser ») cette allocation destinée à compenser l’incapacité de travailler. Un enjeu important puisqu’il s’agissait, ni plus ni moins, que d’en finir avec la dépendance économique de la personne handicapée à l’égard de son conjoint ou de sa conjointe. (...)

Au-delà de l’aspect purement économique, l’enjeu de cette proposition était donc avant tout sociétal. Il en va de l’émancipation, de l’autonomie et d’une meilleure inclusion de la personne handicapée. Ce n’est pas un hasard si cette revendication est portée depuis longtemps par toutes les associations du secteur. À cette logique, le gouvernement en a opposé une autre, dénonçant le caractère anti-redistributif d’une telle individualisation et proposant un abattement de 5 000 euros pour les couples sans enfant. Autrement dit, oui à un allégement du poids du revenu du conjoint dans le calcul de l’allocation, mais non à un changement de vision.

Sans convaincre y compris une partie de son propre camp. Pour s’imposer, il a donc choisi de recourir à la procédure du vote bloqué, qui lui permet de faire voter tout ou partie d’un texte en ne retenant que ses amendements ou ceux qu’il a acceptés. Bel aveu de faiblesse.

À ses débuts, le gouvernement avait annoncé qu’il ferait de l’inclusion des personnes en situation de handicap une des priorités du quinquennat. Il vient de rater une belle occasion de le prouver.