
Salaires à la baisse, fin illégale de mission intérimaire, menaces de licenciement individuel, bâton dans les roues des syndicalistes : à Douai (Nord), les pratiques managériales de la plateforme inaugurent celles dont la loi travail nous menace.
Le 27 juillet, la CGT s’y est rendue pour, comme chaque jeudi aux quatre coins du département, préparer la mobilisation du 12 septembre et discuter. Y compris avec ceux qui n’ont rien à redire à la politique d’Amazon. Alain Bruneel, député PCF, était de la visite. Reportage.
« Cela fait deux ans que je suis ici, on ne m’a jamais rien reproché... » La jeune femme est en pleurs. Elle vient de recevoir ce qu’on appelle ici une « lettre de sensibilisation ». « Nous vous avons sensibilisé sur votre niveau d’activité en deçà des attentes d’Amazon (...). Malgré cela vos productivités restent en deçà des attentes de l’entreprise », prévient le courrier. Puis vient la conclusion, menaçante : « Nous vous demandons de vous ressaisir (...). À défaut et à regret, nous ne pourrions que tirer les conséquences de votre comportement. » Alain Bruneel, le député PCF du Douaisis qui a promis d’« entrer dans les boîtes », est atterré. Bienvenue chez Amazon à Douai (Nord). Gêné, un manager répond que « c’est la procédure » et qu’il n’a « pas de commentaire » (...)
.« Il y a des animations. Par exemple, une journée pyjama : si on vient en pyjama, on peut avoir des cadeaux. » Dans le hall, de grands panneaux d’affichage. « Félicitations à nos associates (les salariés, en langage Amazon NDLR) de la semaine ! » proclame une des affiches. En dessous, trois photos et trois noms. « Ce sont les managers qui les désignent », décrypte Gérald Defauquet, délégué syndical CGT. Leur récompense ? Un bon d’achat de 40 euros, à dépenser sur Amazon bien sûr. Gérald Defauquet dénonce, derrière des sourires de façade, une entreprise « sans sentiments, ni dialogue social ».
Lui aussi vient de recevoir un « courrier de sensibilisation », pour avoir « généré un préjudice » en prenant « l’initiative de faire cesser le travail à une dizaine de salariés ». Le délégué syndical explique qu’un dimanche, « un exercice incendie a entraîné la fermeture automatique de portes coupe-feu ». Photos en main, il nous montre comment il les a retrouvées le lundi, bloquées par des cales en bois. Or elles desservent une réserve qui contient des produits dangereux : « Gaz sous pression », « Corrosif », « Inflammable », préviennent les panneaux, qu’il a également photographiés.
Pour imposer sa liste aux dernières élections à Amazon Douai, la CGT qui a récolté 38 % des voix a dû aller en justice. Et ce sont les prud’hommes qui trancheront un autre litige (...)