
A l’occasion de l’université organisée ce samedi à Valence par Anticor, « 20 Minutes » s’est penchée sur cette association modeste qui s’attaque à la corruption, même au sommet de l’Etat…
Fondée en 2002, Anticor est née d’une volonté de lutter contre la corruption et la culture de l’impunité dans la vie politique française.
La petite association de 2.000 membres a gagné en notoriété pendant la campagne présidentielle de 2017, bouleversée par le PenelopeGate et l’affaire Fillon. Des dossiers qui ont provoqué des débats sur la transparence et la probité des hommes et des femmes politiques.
Anticor lutte avec des moyens modestes, mais efficaces, contre les conflits d’intérêts, le poids des lobbies... Son modus operandi fait sa particularité : l’association s’est portée partie civile dans une douzaine de dossiers à ce jour.(...)
L’association loi 1901 a « une cinquantaine de dossiers en cours », dont une douzaine où elle est partie civile.
Un mode d’action « un peu justicier »
Souvent, tout part de révélations dans les médias, comme lorsque Mediapart met à jour le système des « étrennes » des sénateurs UMP, mais l’association reçoit aussi de nombreuses alertes venues de tout le territoire, et de ses groupes locaux.
Elles sont d’abord examinées dans un tout petit bureau à Paris, où travaillent une salariée à temps plein et deux jeunes en service civique. Le matériel est sobre - trois ordinateurs, une broyeuse -, la décoration minimaliste : le nom d’Anticor s’affiche sur une pilule géante bleue et blanche fixée au mur, l’association se voulant « un remède contre la corruption ».(...)
Si un dossier est validé par le conseil d’administration d’Anticor, par vote, l’association choisit ensuite de ne rien faire, ou d’envoyer un signalement au parquet local, ou, plus rarement, de déposer une plainte. C’est ce mode opératoire qui fait la particularité de l’association. « Le plaidoyer, les pétitions, ont des effets limités, ou alors sur un temps très long. A travers des dossiers emblématiques, nous voulons faire évoluer les institutions et endiguer la culture de l’impunité », explique Eric Alt.(...)
Un avant et un après 2017
La campagne de la présidentielle 2017 a donné à la petite association une visibilité inédite. « Pour la première fois, une affaire de corruption a structuré la campagne et tous les candidats se sont positionnés sur le sujet, alors que d’habitude il est plutôt mis sous le tapis », constate Eric Alt.(...)
Quelques « poursuites-bâillon », mais pas de grosses pressions
Malgré ses moyens modestes, Anticor agace et inquiète dans le monde politique. « Un certain nombre de parlementaires ne l’apprécient pas car elle est assez pugnace », observe l’ancien député René Dosière. Contactés par 20 Minutes, des parlementaires de différents bords politiques n’ont pas donné suite.
L’association a subi quelques « poursuites-bâillon », comme les qualifie Eric Alt, mais ne reçoit pas de pressions suffisamment importantes pour qu’il juge bon de nous en faire part. Quant aux quelques attaques en justice contre Anticor, elles « coûtent toujours de l’énergie, et un petit investissement, même si on peut espérer un remboursement à la fin du procès », balaie-t-il.
Rien qui n’empêche Anticor de poursuivre son action, jusqu’au jour où, « dans l’idéal, on devrait s’auto-dissoudre », dit-il en souriant, visiblement peu convaincu de l’imminence de cette échéance.