
Catalogne est un nom de ma géographie sentimentale. Barcelone est une citoyenneté que je me suis donnée tout seul, en tant que lecteur, comme celle d’Odessa, reçue en lisant les récits d’Isaac Babel. Hommage à la Catalogne, de George Orwell, a suscité mes premiers sentiments politiques, en me faisant savoir que, si j’étais né plus tôt, je me serais joint aux combattants des Brigades internationales. On peut s’inscrire à une histoire précédente, on peut s’enrôler dans le passé.
(...) J’ai lu des récits et des témoignages de républicains de la guerre civile. J’ai lu la défaite, l’exil, l’affreux collier qui brisait les vertèbres du cou du condamné. Les raisons de ces combattants se sont ainsi agrandies en moi.
Contemporain d’une autre époque, je me souviens des grandes manifestations contre la condamnation à mort de Salvador Puig Antich en 1974. Il soulevait l’indignation de la jeunesse de la moitié de la planète.
Me voici, Catalogne, je reviens à ton nom, à la mer dans laquelle j’ai plongé, identique à celle de ma ville.
L’histoire sainte baptise les siens dans les eaux du Jourdain, nous, nous avons été baptisés avec le sel de la Méditerranée. Nous appartenons aux ports d’où sont partis nos émigrants, où débarquent à présent les nouveaux voyageurs de la malchance. (...)
Je propose donc un toast : à la liberté de ceux d’entre vous qui sont en prison pour avoir exprimé leurs pensées publiques et politiques.