
Il faut que nos prétendues démocraties modernes soient bien malades pour, croyant préserver ainsi ce maigre pouvoir qu’il leur reste encore face au tyrannique poids de l’économie, oser s’attaquer à présent, sous couvert de justice, à la liberté d’expression, si ce n’est de parole et même, dans les cas les plus extrêmes, d’opinion, voire de simple pensée !
C’est même là, paradoxalement, ce qui réunit aujourd’hui, depuis la fin de la « guerre froide » et de son bien mal nommé « équilibre de la terreur », ces deux superpuissances que sont les Etats-Unis, champion toutes catégories du capitalisme sauvage, et la Russie, pays qui a réussi, lui, cet incroyable, bien que très peu recommandable, exploit de synthétiser, en un seul et même système politico-idéologique, deux des plus grands fléaux de l’histoire de l’humanité : les dérives du libéralisme et les excès du socialisme, le tout assorti d’une bonne mais néanmoins indigeste dose de mondialisation. Chapeau, Poutine : seul les Chinois, nantis de leur sacro-saint Parti Communiste, savent encore, à ce petit mais très pervers jeu-là, lui damner, désormais, le pion ! (...)