
Des pédagogues, des responsables politiques, des associatifs, etc. unissent leur voix pour proposer de faire l’école dehors. « Outre l’immunité sanitaire à laquelle elle contribue, l’espace de sensations et d’expression physiques uniques qu’elle constitue, elle éduque aussi, par la force des choses à la renonciation à la "toute-puissance" ».
La reprise progressive de l’école se dessine à partir du 11 mai prochain. Les consignes sanitaires à respecter s’annoncent drastiques, avec un petit nombre d’élèves, et des distances de sécurité à garantir, souvent difficiles à mettre en œuvre.
De surcroît, alors que nous viendrons de passer plus de deux mois enfermés, la belle saison nous appellera à l’extérieur… Et si nous faisions l’école dehors ?
En mai, l’appel du grand air se lira dans les yeux de tous, les enfants comme leurs aînés. Retourner à l’école, pour mieux s’échapper des murs de ses classes : une solution sanitaire, sociale et pédagogique, tant des études mettent en évidence le rôle du dehors dans la régulation de l’énergie, voire de la violence, accumulée par les plus jeunes dans une situation d’enfermement, physique ou social.
Mais l’éducation dehors est aussi à considérer comme le premier pas vers l’éducation nature, qui est dans toutes les envies éducatives du moment. (...)
Le « syndrome du manque de nature » a été maintes fois documenté : priver un enfant de contact avec la nature, c’est lui faire encourir des risques de santé, de développement, d’ordre psychologique. Et ce qui touche les plus jeunes nous touche aussi, nous, adultes non moins sédentarisés qu’eux et tout aussi rivés à nos écrans.
Le psychologue Peter Kahn va plus loin et parle d’amnésie environnementale générationnelle (...)
Politiquement parlant, pour faire éclore, demain, un monde écologique, c’est dès l’enfance et l’adolescence que doit être prise l’habitude du dehors, le goût du contact avec la nature. Pourtant, l’éducation en plein air fait peur, et nos écoles, nos centres de loisirs, semblent aseptisés, étanches à l’infiltration des eaux comme à la nature, reflets d’une société trop souvent obsédée par l’hygiène, la sécurité, la propreté, le contrôle, le support numérique rassurant permanent qui, d’outil, devient quelquefois finalité. Au risque de proposer à nos enfants une éducation "hors-sol".
Laissons les enfants grimper aux arbres, construire des cabanes, se salir les mains dans la terre, élever des petites bêtes, et gageons que cette « éducation buissonnière » au contact du dehors formera des citoyens conscients de l’importance de protéger la nature ! (...)
et si ce contexte d’immédiat après-COVID nous donnait l’opportunité d’expérimenter, vraiment, l’éducation dehors ? Saturés d’écrans, joignons la bouffée d’air de la reprise, à l’innovation pédagogique.
Professeur·e·s des écoles ; enseignant·e·s, formateurs-trices ; éducateurs et éducatrices de tous ordres : osez ! (...)
Et cela n’est pas réservé qu’à certains espaces éducatifs : même les grandes villes ont du dehors qu’il est possible de s’approprier, dans l’espace public, dans les parcs ou en bas des tours, ou en tissant des partenariats avec des particuliers propriétaires de jardins… (...)
Rebondir en éducation, après la période de Covid-19, c’est se réconcilier avec le vivant, dans un choix éclairé. C’est sentir combien l’humanité ne peut être dissociée de la nature, en une éthique de la réciprocité, de reconnaissance mutuelle envers toutes les formes du vivant.
Pour un droit à l’éducation nature pour toutes et tous !