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les échos
Assurance chômage : il faut un accord solide et ambitieux
LE CERCLE. par Hervé Morin
Article mis en ligne le 8 mars 2014

Les négociations sur la nouvelle convention d’assurance chômage patinent. Les échanges à ce stade se sont avérés poussifs, alors qu’un dernier round de négociations entre les partenaires sociaux doit se tenir le 13 mars. Pourtant, un accord à minima serait désastreux, avec un marché du travail morose et un régime d’assurance chômage qui subit encore la longue crise de 2008.

La comparaison des régimes d’assurance chômage montre que la France bénéficie d’un système généreux en Europe avec à la fois une durée d’indemnisation longue (deux ans pour les moins de 50 ans et trois ans pour les plus de 50 ans) et un montant élevé (entre 57,4% et 75% du salaire brut). Certains pays ont même depuis la crise de 2008 procédé à une réduction des droits offerts par leur système d’assurance chômage : le Danemark, l’Espagne, l’Irlande, la Suisse, et le Portugal. Devons-nous aller jusque là ? Probablement pas, mais inspirons nous du volontarisme de nos voisins européens à retrouver le chemin de l’équilibre.

Le régime d’assurance chômage doit rester un véritable filet de sécurité, parce que le chômage est toujours violent et destructurant. Il doit laisser aux chômeurs le temps de faire une recherche d’emploi complète et de privilégier un emploi stable. Ceci est fondamental. Mais il doit en parallèle être financièrement solide et effectivement incitatif. Du point de vue financier, le MEDEF a mis des propositions sur la table, qui méritent d’être débattues sérieusement. Il suggère notamment une modulation de la durée et du niveau des indemnités en fonction du taux de chômage et la mise à contribution des contractuels de la fonction publique. Tout doit être fait pour limiter les abus qui nuisent à la spécificité inhérente au financement de l’intermittence par le régime d’assurance chômage.

Mais il existe d’autres options financières à considérer : sans aller jusqu’à réduire les taux d’indemnisation et en gardant bien à l’esprit le principe d’une assurance chômage sous forme de filet de sécurité, les partenaires sociaux doivent aborder la question de la dégressivité des droits ou la durée d’indemnisation. Ils doivent aussi étudier le sujet de la durée d’affiliation, ce qui permettra de limiter les recours abusifs à l’activité réduite. Pour ce qui concerne l’incitation au retour effectif à l’emploi, les modalités d’application effective du principe de l’offre raisonnable d’emploi votée en 2008 pour un chômeur doivent également être examinées.

La réforme de l’assurance-chômage sera légitimement d’autant mieux comprise, qu’elle ne se réduit pas aux seules mesures financières et incitatives. Elle doit être accompagnée de réformes de structure au bénéfice des demandeurs d’emploi. (...)

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