
Au moins 89 personnes dont 12 membres des forces de sécurité sont morts vendredi dans l’ouest de la Birmanie après des attaques de musulmans rohingyas contre plusieurs postes frontières, des violences sans précédent depuis des mois, selon les autorités birmanes.
(...) "Militaires et policiers se battent ensemble contre les terroristes bengalis", avait déclaré plus tôt le chef de l’armée, le général Min Aung Hlaing, sur sa page Facebook.
Les Rohingyas sont considérés comme des immigrés du Bangladesh voisin et appelés à ce titre "bengalis", le terme "rohingya" étant tabou en Birmanie, pays à majorité bouddhiste marqué par l’influence de moines radicaux qui dénoncent les musulmans comme une menace.
Il s’agit de l’épisode de violences le plus meurtrier depuis plusieurs mois dans cette région, l’Etat Rakhine, marquée par de fortes tensions entre musulmans et bouddhistes.
Y vivent des dizaines de milliers de Rohingyas, minorité musulmane victime de fortes discriminations en Birmanie, sans accès aux hôpitaux, aux écoles, au marché du travail.
Plus de 20 postes de police ont été attaqués par quelque 150 rebelles rohingyas tôt vendredi, a annoncé, avant l’armée, le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi.
– Les combats se poursuivent - (...)
Le gouvernement birman a relevé vendredi "la coïncidence de ces attaques avec la publication du rapport final de la commission" dirigée par l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan sur la situation dans l’Etat Rakhine.
La commission avait appelé jeudi la Birmanie à donner plus de droits à sa minorité musulmane des Rohingyas, notamment de mouvement, faute de quoi elle risquait de "se radicaliser".
Kofi Annan a réagi aux attaques de vendredi, "inquiétante escalade dans la violence". Il a appelé les forces de l’ordre à "la retenue" dans leur gestion de la crise. (...)
Amnesty international s’est inquiété des conséquences que pourraient avoir les attaques de vendredi, et notamment de la réponse des forces de sécurité.
"Cela ne doit pas conduire à la répétition des cruelles représailles de l’armée à une attaque similaire l’année passée, lorsque les forces de sécurité ont torturé, tué et violé des Rohingyas et brûlé des villages entiers", a déclaré Josef Benedict, directeur adjoint du bureau régional d’Amnesty International (...)
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Le pape François demande le respect des droits des Rohingyas
Selon plusieurs médias spécialisés, une délégation du Vatican était récemment en Birmanie et au Bangladesh pour préparer une visite du pape, envisagée pour la fin novembre. Le Vatican n’a pas confirmé dans l’immédiat.
En février, le pape avait déjà dénoncé le traitement réservé aux Rohingyas, "torturés et tués en raison de leurs traditions et de leur foi" en Birmanie, évoquant alors "des gens bons et pacifiques", qui "souffrent depuis des années".
Traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans le pays depuis des générations.