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Au Brésil, des passionnés font revenir la nature en ville
Article mis en ligne le 16 mai 2016
dernière modification le 13 mai 2016

Les 20 millions d’habitants de Sao Paulo n’ont, comme la plupart des Brésiliens, aucun contact avec la nature, alors que le pays est l’un des plus riches au monde en biodiversité. Néanmoins, « forêt de poche » ou agriculture urbaine, des projets fleurissent dans cette mégapole du littoral atlantique.

(...) « Au Brésil, celui qui met les mains dans la terre, c’est celui qui n’a pas fait d’études, c’est le paysan. Mais celui qui façonne la nature, c’est le fazendeiro, le grand propriétaire terrien, qui vit généralement en ville et ne connaît rien ni à la biodiversité ni aux espèces natives. » Ainsi parle Ricardo Cardim, botaniste et entrepreneur. Le Brésil moderne vit un paradoxe de déconnexion : c’est à la fois l’une des régions du monde les plus riches en biodiversité, mais sa population, qui vit à plus de 84 % en ville, ignore quasiment tout de ce qui la constitue. « Les gens pensent généralement que la banane, l’orange ou la mangue sont des fruits originaires d’Amérique, mais ils viennent d’Asie. Ils ignorent aussi que 90 % des espèces végétales qu’on trouve en ville ne sont pas natives. »

L’avenida Paulista est l’artère centrale et symbolique de São Paulo. C’est là que Ricardo Cardim a installé deux de ses projets consistant à recréer en milieu urbain un bout de forêt atlantique (ou mata atlântica, un écosystème de forêt tropicale typique du littoral brésilien, que certains scientifiques considèrent plus riche en biodiversité que la forêt amazonienne.) Sur le toit du siège de la CitiBank, le botaniste a fait planter 520 arbres issus de 80 espèces natives. (...)

Également entrepreneur, l’homme a développé sept projets de toits végétalisés dans la capitale économique du Brésil, à chaque fois en partenariat avec des entreprises privées. « Les autorités publiques ne sont pas encore enclines à soutenir ces projets. Il y a beaucoup de barrières administratives et fiscales. Mon activité pourrait être reconnue d’intérêt public, mais aujourd’hui je paie autant d’impôts que les entreprises du BTP », souligne-t-il. (...)

Pour conserver cet espace de 10.000 m² en plein centre-ville et ses 1.600 pieds, l’institution publique, qui dépend de l’État de São Paulo, a dû faire valoir sa haute valeur éducative. « Nous sommes ici dans un quartier très noble de la ville, où le terrain coûte cher, mais les autorités ont compris l’intérêt didactique, mais aussi historique et culturel du projet. » Chaque année, au mois de mai, des écoliers, des voisins et des visiteurs de passage participent à la récolte lors d’un grand événement qui permet à tous de connaître de près le processus de production. En moyenne, une tonne y est récoltée, avant d’être torréfiée. Puis, le café obtenu est distribué gratuitement via le Fond social de solidarité de l’État de São Paulo. « Tous ceux qui viennent ici découvrent quelque chose qu’ils ignoraient », conclue Harumi. (...)