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Au Royaume-Uni, les migrants trop peu protégés face aux risques d’esclavage moderne
Article mis en ligne le 10 août 2022

Agents du Home Office peu formés, hébergements inadéquats, manque de suivi et de soutien financier sur le long terme... Dans un rapport paru début août, les branches britanniques de la Croix-Rouge et du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) épinglent le manque de protection des migrants face aux risques d’exploitation, étroitement liés aux lacunes du système d’asile.

Le système de demande d’asile actuel au Royaume-Uni "ne protège pas les personnes vulnérables et les expose involontairement à un risque d’exploitation", affirme Zoë Abrams, directrice exécutive de la Croix-Rouge britannique, au sujet du rapport co-produit avec le HCR et paru début août. (...)

Les organisations craignent désormais que les changements législatifs introduits par le Nouveau plan pour l’immigration (New plan for immigration) et la Loi de 2022 sur la nationalité et les frontières (Nationality and Border Act 2022) augmentent encore ces risques d’exploitation.

Deux fois plus d’Érythréens victimes de traite (...)

on compte 77 % d’hommes et 23 % de femmes parmi ces victimes. 50% d’entre elles ont été exploitées à l’âge adulte et 43 % dans leur enfance. (...)

Les personnes issues du Royaume-Uni, d’Albanie et du Vietnam sont majoritaires. On retrouve aussi "un nombre important" de migrants d’Érythrée, du Soudan, d’Iran, de Roumanie, d’Irak et d’Afghanistan. Le nombre d’exilés originaires d’Érythrée et victimes de la traite, par exemple, a doublé entre 2020 et 2021.

Mais le recensement dans le NRM ne suffit pas. "Nous constatons que des femmes sont identifiées comme potentiellement victimes de la traite lors de nos entretiens, elles sont référées au NRM, mais, ensuite, personne ne prend contact avec elles", déplore un agent cité dans le rapport de la Croix-Rouge et du HCR.
"On vous montre qu’on ne vous croit pas"

Le manque de formation des agents fait que les gens "se sentent souvent incapables de divulguer leurs expériences", juge le HCR. Le rapport pointe le peu de relations entre le Home Office et d’autres organisations travaillant sur l’esclavage moderne.

Plusieurs personnes interrogées expliquent ne pas s’être senties à l’aise dans l’environnement où elles passaient leur entretien de demande d’asile. (...)
"On vous dit : pourquoi ne vous êtes-vous pas échappée à ce moment-là ? Pourquoi vous avez attendu ce moment pour venir ? Et on vous montre qu’on ne vous croit pas [...] Je me suis mise à penser que ce serait mieux de retourner là où j’étais auparavant." (...)

Or, le moment du dépôt de la demande d’asile est celui où les migrants font face à de "hauts risques" de se retrouver en situation d’esclavage moderne. "Ils ont peu de liens avec la communauté, n’ont pas de repères et sont extrêmement vulnérables. Au début, ils sont souvent sans-abri, donc ils font face à beaucoup de difficultés", analyse un fonctionnaire. Le rapport cite le cas d’un groupe de femmes albanaises, prises au piège d’un système de traite dès leur arrivée, après qu’un homme de leur communauté leur eut proposé un hébergement et de la nourriture.

Des hébergements loin d’être adaptés (...)

Au-delà de l’insalubrité des lieux, les personnes potentiellement victimes n’y sont pas assez suivies. Pire, les demandeurs d’asile sont parfois placés "dans des hébergements proches, voire avec les personnes qui constituent un risque pour eux", pointe le rapport. Cela concerne tout particulièrement les femmes. (...)

Un rapport rendu public le 21 juillet, commandé par la ministre de l’Intérieur Priti Patel et mené par l’inspecteur en chef des frontières et de l’immigration, concluait à des manquements "inexcusables" dans la gestion des demandeurs d’asile. Et ce, à l’heure où les arrivées sur le sol britannique sont de plus en plus nombreuses.