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Au palace parisien Park Hyatt Vendôme, la grève des employés pour plus de dignité
Article mis en ligne le 9 octobre 2018

Depuis le 25 septembre, début de la Fashion Week, environ 80 employés du Hyatt Park de Paris Vendôme sont en grève. AU menu de leur revendication : fin de la sous-traitance, hausse des salaires et baisse des cadences. Deux semaines après le début de la mobilisation, la situation reste au point mort mais les employés ne sont pas près de lâcher. Reportage.

Ce lundi soir, l’ambiance est festive au 5 rue de la Paix, dans l’un des plus luxueux quartiers de la capitale. Devant le Park Hyatt, palace parisien à deux pas de la place Vendôme, une vingtaine de femmes de chambres et employés chantent, dansent, lancent des youyous et tapent des rythmes africains sur des percussions véritables ou improvisées. Pourtant, n’alllez pas croire que les salariés fêtent une promotion ou une victoire syndicale. Non, c’est la grève qu’ils mènent depuis le 25 septembre qui les motivent à être là tous les jours. « On est solidaires. Aucun de nos collègues ne lâche l’affaire. C’est ça qui nous fait tenir », affirme Marie-Chantal Femmély, femme de chambre. Elle travaille pour un sous-traitant de l’hôtel de luxe depuis 13 ans.

Nous faisons grève parce que l’hôtel ne nous respecte pas. Il nous traite comme si on était de vulgaires papiers

Au palace Park Hyatt Paris Vendôme, où une nuit dans la suite Impériale avoisine les 15 000 euros, environ 80 travailleuses et travailleurs sont en grève sur un total de 220 salariés, nous indique la CGT des hôtels de prestige et économiques (CGT-HPE). Une dizaine d’entre eux sont des employés « internes », les 70 autres font partie des 80 employés de sociétés de sous-traitance, principalement de la société STN. (...)

Embauche, baisse des cadences, pénibilité et hausse des salaires
Parmi les principales revendications des grévistes : une embauche par le palace des salariés en sous-traitance, une diminution des cadences, une ouverture d’un compte pénibilité pour les salariés faisant un travail répétitif, et une augmentation à hauteur de 3 euros de l’heure et 100% du titre de transport des employés “internes”, inférieurs à ceux de la sous-traitance.

Suite à leur mobilisation en 2013 et 2014, les salariés de la sous-traitance ont obtenu une mutuelle, un remboursement du titre de transport mais aussi des salaires plus élevés grâce aux primes, expliquent plusieurs grévistes. (...)

Si la clause de mobilité a été supprimée en 2013, la sous-traitance conduit les employés à changer de patron tous les trois ou quatre ans au gré des appels d’offre remportés. Elle pèse aussi sur les plans de carrière, explique Bijoux Mbutu, femme de chambre de 38 ans. « Etre en sous-traitance, ça veut dire ne pas évoluer, déplore-t-elle. J’aimerais devenir gouvernante mais je n’en aurai pas l’opportunité ».

Une cadence de 4 chambres à nettoyer par heure
Selon la CGT-HPE, c’est aussi pour des raisons « idéologiques » que la direction de l’hôtel refuse d’embaucher les sous-traitants. « Ils veulent maintenir la division du personnel, affirme Claude Lévy qui indique en outre que « 90% des salariés de la sous-traitance sont syndiqués contre 45 % à l’hôtel »(...)

Les clients traversent le groupe de grévistes pour quitter le palace. Certains d’entre eux ont lancé des seaux d’eau sur le groupe depuis les fenêtres, racontent les grévistes ; quelques autres, en revanche, les encouragent, voire donnent de l’argent à la caisse de grève. Aujourd’hui, les clients passent par une porte latérale, les portes principales du palace ayant été fermées.

« La direction empêche les délégués syndicaux d’entrer dans l’hôtel, affirme Tiziri Kandi. C’est une entrave au mandat syndical. Nous avons fait un constat d’huissier et avons saisi le Tribunal de Grande Instance de Paris. Ils jouent la montre et espèrent nous affaiblir, mais c’est tout le contraire ». Mercredi 10 octobre, jour de l’audience, un rassemblement est prévu devant le TGI de Paris.