
Au cours de la deuxième journée de la 87e Semaines sociale consacré au thème « Hommes et femmes, la nouvelle donne », les prises de position de la philosophe Sylviane Agacinski, s’opposant à la possibilité de procréation médicalement assistée pour les couples de même sexe, ont été très vivement applaudies samedi 24 novembre.
(...) la philosophe a montré combien la théorie du genre, qui fait de la différence sexuelle une construction culturelle -et en particulier la théorie « queer » (étrange en anglais, en opposition à « straight » signifiant normal), plus radicale encore-, ne se fonde plus sur la différence des sexes mais sur celle des sexualités.
« Il s’agit de promouvoir la différence entre hétérosexualité et homosexualité, comme si cette différence était pertinente et comme si la norme hétérosexuelle devait s’effacer », a-t-elle déclaré.
Tout en reconnaissant que cette norme hétérosexuelle « pèse souvent sur ceux qui ne peuvent la vivre », Sylviane Agacinski a rappelé que le fait que certains ne puissent pas désirer l’autre sexe prouve bien que les sexes ne sont pas « interchangeables ».
La fiction de la conception désexualisée
Mais c’est surtout lorsqu’elle a clairement mis en garde contre les conséquences des procréations par insémination au sein des couples de femmes que Sylviane Agacinski a été le plus vigoureusement plesbiscitée.
Selon elle, de telles inséminations non seulement imposent « une fiction de conception désexualisée qui n’est pas vraisemblable », mais, de plus, « risque d’imposer le droit d’occulter l’autre sexe dans la conception de ces enfants et de les empêcher d’avoir accès à leur origine réelle ». Ce qui l’a amené à prendre la défense des enfants à naître qui « ne sont pas représentés politiquement mais dont nous devons défendre les droits en commençant par ne pas les mettre intentionnellement dans des situations particulièrement complexes ».
Quant à la gestation pour autrui -qui pourrait être revendiquée par des couples d’hommes-, la philosophe a souligné qu’être enceinte n’est pas une fonction mais un état : « transformer la gestation en travail rémunéré ou indemnisé, c’est déshumaniser la maternité et faire de l’enfant une marchandise qui devient un produit fini, livré à sa sortie de fabrication ».
Une manière aussi d’interroger cette recherche technico-scientifique effrénée, en vue d’une puissance et d’une domination sur la nature toujours plus grande. (...)