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Observatoire des inégalités
Baisses d’impôts : un nouveau gâchis à deux milliards
Article mis en ligne le 16 septembre 2015

L’impôt sur le revenu va être réduit de deux milliards d’euros. Une mesure électoraliste qui prive notre pays de ressources essentielles pour réduire les inégalités.

Huit millions de contribuables verront leur impôt sur le revenu baisser en 2016, ce qui coûtera deux milliards d’euros aux finances publiques de la France, a annoncé début septembre le président de la République. Cette opération constitue un choix politique très fort. Compte tenu du niveau des déficits publics, il n’y a pas de « trésor caché » dans le budget de l’État : ce qui est perdu en impôts n’est pas dépensé par ailleurs. Chaque euro donné aux contribuables manque pour la santé, l’école, la sécurité, le logement, etc. Faute de pouvoir comprendre ce que représentent deux milliards, nombre de citoyens n’évaluent pas l’impact énorme d’une telle décision. En outre, il faut noter qu’il ne s’agit pas d’une mesure temporaire : en 2017, les impôts ne seront pas relevés. Ces deux milliards seront donc dépensés chaque année. Sur dix ans, les finances publiques auront perdu 20 milliards d’euros.

Pour que l’on mesure l’ampleur de ce gâchis, l’Observatoire des inégalités donne quelques exemples très concrets de ce dont le gouvernement va priver notre pays, à travers des besoins qui font l’objet d’un consensus assez large. Comme nous l’avons montré avec notre « Evaluateur des dépenses publiques », les cadeaux fiscaux auraient pu servir à réduire les déficits et à moderniser les services publics.

Que peut-on faire avec deux milliards d’euros ? [1] (...)

Pourquoi gâcher l’argent public ?

Comment peut-on, en pleine période de crise, en arriver à gâcher ainsi deux milliards d’euros ? L’annonce de ces nouvelles baisses d’impôts repose sur la thèse d’un ras-le-bol fiscal, dont l’origine remonte à 2013, et qui a été elle-même mise en scène par le ministre de l’Économie de l’époque Pierre Moscovici. Aux sondages, « Pensez-vous que les impôts sont trop élevés ? », la réponse est toujours « Oui ». Il en serait de même à la question jamais posée : « Faut-il aider les personnes âgées démunies ou les jeunes à la rue ? ». Les impôts ont effectivement augmenté à partir de 2011, mais dans une proportion à peu près deux fois moindre que leur baisse entre 2001 et 2010.

Nous entrons en période électorale et l’exécutif pense qu’aller dans le sens de l’opinion mesurée dans les sondages va lui redonner une popularité perdue (...)

Cette nouvelle perte nous montre l’éloignement du pouvoir central des besoins sociaux concrets de la population. Il ne voit plus la France que par les sondages ou l’analyse de quelques « think-tanks » parisiens. Des milliards d’euros d’argent public peuvent être économisés [2]. Mais, en même temps, de l’accueil de la petite enfance aux maisons de retraite, en passant par les hôpitaux ou les prisons, la sécurité, la justice ou l’enseignement, chacun s’accorde sur l’ampleur des besoins collectifs. Y répondre en les évaluant de façon sérieuse est un enjeu politique beaucoup plus fort pour notre pays que de se lancer dans une course aux sondages à courte vue.