
Depuis deux ans, peu de progrès ont été accomplis pour remédier à l’absence de statut juridique des Rohingyas, qui vivent en marge de la société dans pratiquement tous les pays où ils se sont réfugiés.
Au Bangladesh, ils sont plus de 912 000 à vivre dans les mêmes abris précaires qu’au moment de leur arrivée, en 2017. Ils font face à des restrictions de mouvements et n’ont pas le droit de travailler, ce qui les rend entièrement dépendants de l’aide humanitaire.
La plupart des maladies traitées par MSF dans les cliniques de Cox’s Bazar, au Bangladesh, sont le résultat des mauvaises conditions de vie et du manque d’accès à des latrines propres ou à de l’eau potable. Les équipes MSF continuent de soigner des dizaines de milliers de patients chaque mois : plus de 1,3 million de consultations ont été réalisées entre août 2017 et juin 2019. (...)
600 000 Rohingyas dans l’État de Rakhine
La situation pour les Rohingyas au Myanmar n’a quant à elle pas changé. En 1982, une loi sur la citoyenneté les a rendus apatrides, et au fil des années, ils ont été privés de leurs droits - à l’éducation, au mariage, à la planification familiale, à la libre circulation et à l’accès aux soins de santé.
En 2012, les violences entre les communautés rohingya et rakhine ont entraîné la destruction de villages entiers. Quelque 128 000 musulmans rohingyas et kaman vivent depuis dans des camps surpeuplés dans le centre de l’Etat de Rakhine. Privés de liberté de mouvement et d’emploi, ainsi que d’accès aux services de base, ils dépendent également entièrement de l’aide humanitaire. (...)
Sans droits, plus vulnérables que jamais
En Malaisie, même scénario : l’absence de statut juridique pousse les Rohingyas, ainsi que d’autres réfugiés et demandeurs d’asile, dans une situation de plus en plus précaire.
Interdits de travailler légalement, beaucoup d’entre eux disparaissent dans les limbes des marchés noirs et des réseaux de trafiquants, où ils sont exposés à l’exploitation, à des abus ou encore aux accidents du travail. (...)
Iman Hussein, 22 ans, a fui l’Etat de Rakhine en 2015, en passant par la Thaïlande avant d’arriver à Penang, en Malaisie. Comme beaucoup de réfugiés, il gagne sa vie en travaillant dans le secteur de la construction en plein essor. Son employeur ne lui a pas versé son salaire depuis 10 semaines, mais affirme qu’il n’a pas d’autre choix que de continuer à travailler. (...)
« Au cours des deux dernières années, très peu d’efforts réels ont été déployés pour remédier aux causes sous-jacentes de la discrimination à laquelle les Rohingyas sont confrontés et pour leur permettre de rentrer chez eux en toute sécurité, explique Benoit de Gryse, responsable des opérations MSF au Myanmar et en Malaisie. Les Rohingyas auront une chance d’avoir un avenir meilleur lorsqu’ils auront des droits dans leur pays, comme tous les autres habitants du Myanmar. »