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Belgique : Pour les Roms, personne ne bouge
Article mis en ligne le 16 août 2013

Ils restent prisonniers des stéréotypes les plus caricaturaux : ils sont sales, rusés, mendiants et voleurs. Bien que fort sédentarisés, un pèlerinage suffit, de surcroît, à en faire des nomades qui seraient rétifs à toute assimilation. Une opinion de Jean-Marie Dermagne, avocat, ancien bâtonnier, porte-parole du Syndicat des avocats pour la démocratie.

"Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez…" ! Cette phrase abjecte, le français Gilles Bourdouleix, maire de Cholet, député, avocat et professeur de droit, l’a vomie au micro d’un journaliste au moment où, pris à partie, il cherchait à chasser des Roms de passage dans sa commune. Les Roms, Christian Estrosi, maire UMP de Nice, a promis, lui, de les "mater". Quant à Jean-Marie Le Pen, égal à lui-même, il a dénoncé leur présence "urticante et odorante" (sic). Si les Juifs étaient visés par de pareilles éructations, il y aurait foule dans la rue pour exiger la déchéance de leurs auteurs et leur cracher au visage. Pour les Roms, rien. Personne ne bouge.

Si Bourdouleix a dû quitter son parti, le CDI (centre droit), il est toujours maire, député, professeur de droit et avocat. Rien non plus, si ce n’est des indignations souvent feintes, pour Estrosi et Le Pen. Taper sur les Roms fait même gagner en notoriété et en popularité. Triste époque. Déjà à Auschwitz, les Tsiganes, comme on les appelait à l’époque, étaient au plus bas de l’échelle, après les "politiques", les "droits communs", les Juifs et les "asociaux"…

A cause de l’Holocauste, le peuple juif bénéficie, doloris causa, d’une mansuétude universelle. Du coup, qui se moque de sa religion ou met en question l’Etat d’Israël, passe pour un malotru. Les Roms, eux, demeurent des indésirables, des pestiférés. (...)

L’histoire repasse les plats. Lorsqu’un groupe humain se voit accabler de prétendues tares, on commence par en stigmatiser les membres puis on les chasse, ensuite on les déporte et il est arrivé qu’on les extermine. Ce processus, on l’oublie souvent, c’est l’idéologie du bouc émissaire qui l’accouche. (...)

Si on veut éviter les amalgames comme "les Tsiganes sont voleurs" ou "les Roms sont de faux mendiants" (mais aussi "les Juifs sont riches et fourbes" et "les Musulmans sont fanatiques"), il faut bannir, tant du côté de la police et des autorités que dans les médias, toute référence à l’origine nationale ou ethnique, lorsqu’on parle d’auteurs ou de suspects d’infractions ou lorsqu’on traite un "fait de société".

Il est sans intérêt policier ou journalistique que des voleurs de cuivre soient "Roms" comme il serait déplacé de dire qu’un joaillier accusé d’escroquerie et un antiquaire soupçonné de vendre des faux tableaux sont "d’origine juive". On doit cesser de parler de filières (albanaise, tchétchène ou afghane, par exemple) comme, naguère, on n’aurait jamais dû évoquer, à propos des tueries du Brabant, une "filière boraine" pour des gens qui, au demeurant, ont finalement tous été acquittés. (...)