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Le Monde Diplomatique
Bouclier nucléaire en péril
Article mis en ligne le 26 octobre 2010
dernière modification le 24 octobre 2010

Les Etats-Unis poursuivent leur offensive pour obtenir de nouvelles sanctions internationales contre l’Iran. Ils y voient une condition pour sauver le traité de non-prolifération nucléaire, alors que se réunit ce mois-ci à Washington une conférence d’évaluation de cet accord qui, malgré ses manques, constitue un rempart légal et moral important pour la paix mondiale.

(...)Toute la force du traité est là, toute son ambiguïté aussi : il est nécessaire, pour que les abandons consentis librement par les ENDAN soient compensés, que les EDAN réduisent progressivement mais réellement leurs arsenaux d’une part (4), qu’ils diffusent libéralement leur technologie nucléaire civile d’autre part, et qu’ils adoptent aussi des doctrines d’emploi très restrictives, de manière que les ENDAN ne se sentent pas menacés. Aucun des trois points ne donnera jamais vraiment satisfaction, mais, malgré de nombreux débats (5), le TNP se forgera une légitimité, jusqu’à être reconduit en 1995 pour une durée indéterminée. En 1998, enfin, un protocole additionnel garantit une totale liberté de mouvement aux inspecteurs de l’AIEA en mission (6).

Trois difficultés majeures fragilisent le traité : d’une part, la frontière de plus en plus poreuse entre technologies nucléaires civile et militaire ; d’autre part, le caractère déclaratoire du processus de contrôle (les Etats informent l’AIEA des installations à visiter, mais peuvent en dissimuler certaines) ainsi que la non-définition réelle des « preuves » des manquements éventuels ; enfin, la possibilité pour certains ENDAN liés par le traité de continuer à manœuvrer pour parvenir au « seuil » nucléaire ou au-delà, au long d’une séquence signature-ratification-application qui peut traîner en longueur (7).(...)

le tableau n’est pas brillant. On peut cependant l’apprécier d’une autre manière. Mis à part la Corée du Nord, aucun Etat n’est sorti du traité. Et, en 2010, aucun signataire non détenteur de la bombe ne l’a encore obtenue. (...)

Au bilan, et alors que la polémique sur le programme iranien bat son plein, accordons à ses contempteurs que le TNP forme un bouclier plein de trous, face à une menace — la prolifération — qu’il n’a pas fait disparaître. Mais il demeure tout de même un bouclier, et ce que l’on peut apercevoir à travers ne donne à personne l’envie de le jeter aux orties.