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Boues rouges : un chantage à l’emploi pour polluer les calanques
Article mis en ligne le 31 janvier 2016

Depuis 50 ans, les rejets de l’usine d’alumine de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, finissent en mer Méditerranée, y crachant arsenic, titanium, mercure ou encore uranium. Le préfet a prolongé l’autorisation de rejet, avec le feu vert de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron. Une grande manifestation a lieu à Marseille samedi 30 janvier.

Tout a commencé en 1821, date de la découverte de la bauxite, le minerai permettant la production d’aluminium, aux Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Son extraction a été permise par la mise au point d’un procédé chimique développé à partir de 1893 à Gardanne (Bouches-du-Rhône), en dissolvant l’alumine par de la soude. Aujourd’hui, la forte coloration rouge du résidu issu de cette réaction suscite l’ire des associations de défense de l’environnement. Et pour cause, depuis 1966, ces résidus sont rejetés dans la mer par une canalisation de 50 km de long.

Actuellement, l’usine de production d’alumine de Gardanne appartient à Alteo, le plus grand producteur mondial d’« alumine de spécialité », notamment destinée à fabriquer des écrans à cristaux liquides. Employant plus de 400 personnes, l’usine représente un vivier d’emploi dans une région fortement touchée par le chômage. C’est l’argument-massue que l’entreprise renvoie à ses détracteurs. (...)

L’entreprise possède quatre filiales en Europe, dont celle de Gardanne, dont elle vante les mérites en matière « d’investissement dans la gestion des résidus de bauxite, non seulement pour pérenniser l’activité mais également pour réduire l’impact environnemental ».

Un premier rapport publié en 1993 prouvait déjà la toxicité des boues rouges et avait été repris par Yves Lancelot, un océanographe de l’université de Marseille : des relevés d’arsenic, de titanium, de mercure ou encore d’uranium ainsi que des taux de radioactivité trois à quatre fois supérieurs à la moyenne naturelle avaient ainsi été repérés dans les zones riveraines de l’usine et dans la mer. La multiplication de rapports scientifiques est restée longtemps sans aucun écho public et ce n’est que depuis quelques années qu’une mobilisation a commencé. A ce jour, plus de 30 millions de tonnes de boues rouges toxiques ont été déversées dans les fonds marins, au rythme annuel d’environ 300.000 tonnes. (...)

« Contrairement à d’autres, et même si ce n’est pas satisfaisant en l’état, explique Pierre Aplincourt, porte-parole de France nature environnement (FNE), nous prenons acte de l’amélioration substantielle du rejet. Mais le problème aujourd’hui, c’est que les boues rouges ne sont plus rouges. L’effluent rejeté est aussi limpide que de l’eau, mais cela n’empêche pas qu’il soit toujours aussi chargé en micropolluants ! » (...)